Algérie

Reprise du dialogue Archs - Pouvoir


Du statu quo au pourrissement Dans trois mois, la Kabylie aura bouclé ses quatre années de crise. C?est sans doute pour éviter de dépasser la barre psychologique d?avril 2005 que le chef du gouvernement a lancé la semaine dernière un appel pour la reprise du dialogue avec les délégués du mouvement citoyen, pour tenter de trouver un règlement à une crise dont les répercussions socioéconomiques s?aggravent de jour en jour dans la région. Chacun des protagonistes, autorités et archs, semble animé de la volonté de mettre un terme à une situation de pourrissement, dont il reste encore à faire le bilan désastreux sur l?ensemble des aspects de la vie locale. Si la reconstruction de l?espace politique, complètement délabré, peut intervenir en quelques mois, à la faveur du retour des partis politiques actuellement en veilleuse, le retard en matière de développement économique mettra un temps beaucoup plus long à être résorbé. Bien que la crise économique soit antérieure aux événements du printemps noir, et la plupart des observateurs pensent qu?elle en est l?origine, la colère qui s?est emparée des rues de Kabylie, pendant des mois, a mis un coup d?arrêt à l?activité économique. Paralysie à répétition des voies de communication, rupture des approvisionnements et de la commercialisation, le maigre tissu économique de la région était condamné à la sclérose. Les zones d?activités, isolées du reste du pays pendant des semaines entières, ont vu plusieurs entreprises fermer ou délocalisées. Des centaines d?emplois ont été supprimés et d?importants opérateurs qui avaient investi dans l?industrie de l?électroménager ou l?agroalimentaire ont fini par transférer, en partie ou en totalité, leurs moyens de production dans les zones d?activités proches de la capitale. Des investissements qui ont mis parfois plus de dix ans pour être lancés, du fait de la bureaucratie locale qui a longtemps asphyxié la région, se sont évaporés en quelques semaines de troubles. La Chambre de commerce et d?industrie du Djurdjura a tiré la sonnette d?alarme pour la première fois en janvier 2003, lors d?une rencontre organisée par la wilaya autour de la relance de l?investissement, faisant état d?importantes pertes d?emploi et de la menace qui pesait sur l?existence de centaines d?entreprises. L?avis du président de la chambre de commerce n?a pas attiré l?attention des pouvoirs publics et le discours général entourant la crise était entièrement axé sur des questions « politiques » de la crise, la question économique ayant loin d?avoir voix au chapitre. Les opérateurs économiques ont accusé dans le silence les effets de la crise politique, délocalisant ou fermant leurs ateliers sans exposer l?ampleur des préjudices subis, dans un débat qui les ignorait. Ce sont les commerçants qui se sont organisés pour réclamer des dégrèvements fiscaux. Plusieurs déclarations avaient été rendues publiques dans ce sens, mais la première action de protestation ne date que de quinze jours. Les commerçants de Tizi Ouzou ont baissé rideau pendant une journée pour demander la mise en application de l?accord les concernant, paraphé en janvier 2004 par le chef du gouvernement. Même si des mesures concrètes sont mises en application pour aider les commerçants de la région, le secteur informel qui s?est installé dans tous les espaces publics et dans tous les créneaux d?activité continue encore de donner des coups de boutoir aux commerçants des centres urbains. Les quelques descentes de police effectuées au chef-lieu de wilaya à la fin de l?été sont loin d?enrayer la seule activité (le trabendo) qui s?est développée dans la région ces dernières années. Au niveau des communes, la situation socioéconomique s?est gravement détériorée en raison de l?absence d?exécutifs communaux et du blocage des budgets et des plans communaux de développement. L?absence d?élus locaux a été suppléée par des administrateurs, dont la lettre d?affectation n?a pas été suivie par une autre, leur donnant les prérogatives requises. Les communes sans APC (50% dans la wilaya) n?ont pas obtenu de PCD et les fonctionnaires désignés à leur tête se sont suffis à gérer les affaires courantes, sans lancer aucun projet de développement. Si la non-tenue des élections législatives n?a mis en difficulté que les partis politiques, privés de tribune parlementaire, le rejet des élections locales a eu, en revanche, un effet dramatique sur la vie économique et sociale dans les collectivités locales.
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