Algérie

Reprise des négociations ou reprise des armes Le 13ème congrès du Polisario est décidé



Reprise des négociations ou reprise des armes                                    Le 13ème congrès du Polisario est décidé
Photo : S. Zoheir
Par Abdelkrim Ghezali
Lors de son 13ème congrès, le Polisario a affirmé que l'offre marocaine d'autonomie au Sahara occidental est dépassée. Car, affirment les dirigeants sahraouis, lors des derniers rounds de négociation entre le Polisario et le Maroc, les questions liées aux mécanismes d'application de l'autodétermination ont été évoquées. Ce constat ressort du rapport moral du secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, qui a déclaré : «Durant les deux derniers rounds qui s'en sont suivis, les propositions des deux parties ont été l'objet des discussions ainsi les mécanismes d'application de l'autodétermination, le corps électoral, et d'autres thèmes plus secondaires comme les ressources naturelles et autres». Le premier responsable du Polisario avait cité, dans ce cadre, le rapport du secrétaire général de l'ONU et la résolution 1979 du Conseil de sécurité ayant remis, selon lui, «de l'ordre dans le processus de négociation» en mettant en exergue «l'impérative nécessité de tenir compte de l'avis de la population sahraouie». Qualifiant cette tournure prise par les négociations d'«évolution qui tient compte de l'avis du peuple sahraoui», il l'avait assimilée à une «conséquence de la lutte acharnée du peuple sahraoui et des mobilisations du mouvement solidaire envers sa juste cause». C'est ce qui a amené M. Mohamed Abdelaziz à dire que «le Maroc, qui sait pertinemment que sa proposition est devenue obsolète parce qu'il ne respecte pas le droit à l'autodétermination et parce que les 12 rounds de négociation ont confirmé que le Front Polisario est l'autre partie du conflit, tente de parier actuellement sur son adhésion récente au Conseil de sécurité pour la période de 2012-2013». C'est ce qui explique, a-t-il déduit, son refus d'une visite de Ross dans la région et son rejet d'un nouveau round en octobre dernier. Le président du Parlement sahraoui et de la Commission nationale de préparation du 13ème congrès, M. Khatri Eddouh, avait souligné, pour sa part, lors d'un point de presse tenu à la veille de l'ouverture des travaux, que l'offre marocaine d'une autonomie des territoires sahraouis «est dépassée», pour preuve, a-t-il dit, les derniers rounds de négociation entre les deux parties avaient abordé les questions liées aux mécanismes facilitant l'organisation d'un référendum d'autodétermination et l'identification du corps électoral sahraoui. Pour ce responsable sahraoui, cette évolution est à mettre à l'actif de la lutte et aux «sacrifices» des Sahraouis des villes occupées, dont la résistance héroïque du camp de Gdeim Izik «en est l'illustration».Pour sa part, l'ancien ministre de la Défense et membre du Secrétariat national du Polisario, M. Brahim Ghali, avait expliqué, dans une déclaration à l'APS à la veille de la tenue du congrès du Polisario, que la communauté internationale «a eu à constater les tergiversations de l'occupant marocain qui bloque les pourparlers initiés juste après le 12ème congrès qui a eu lieu en 2007». Ce congrès, selon M. Ghali, sera une opportunité pour analyser le contexte national actuel, induit par l'Intifadha des Sahraouis dans les villes occupées, et évaluer la démarche empruntée jusque-là par la direction nationale du Front dans la lutte pour l'indépendance du Sahara occidental. Près de 20 ans après le cessez-le-feu, avait encore souligné l'actuel ambassadeur de la RASD à Alger, les autorités marocaines «continuent à recourir à des plans de règlement qui ignorent la légalité internationale et les résolutions pertinentes des Nations unies pour un règlement juste de ce conflit qui garantit le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Allant dans le même sens, le ministre délégué pour l'Europe, M. Mohamed Sidati, a affirmé à l'APS que le Conseil de sécurité qui avait appuyé ce plan de paix, à travers la mise sur pied d'un mécanisme (Minurso) pour organiser et superviser, dans le six mois qui suivent l'accord, un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, «n'avait rien fait quand le Maroc, soutenu par la France, avait manifestement exprimé son revirement par rapport à ses propres engagements». Ce responsable sahraoui a, néanmoins, indiqué que «la seule fois où le Maroc avait accepté de signer un accord de paix avec le Polisario c'était sous la pression des armes combinée à la pression diplomatique». «Les options sont ouvertes pour le peuple sahraoui et c'est au congrès de trancher les moyens à mettre en 'uvre dans la lutte pour imposer son droit à l'autodétermination», a-t-il souligné à ce propos. Le porte-parole du 13ème congrès du Polisario, M. Sidi Mohamed Omar, avait insisté, dans ce contexte, lors du point de presse animé au deuxième jour du congrès, que «l'Intifadha du peuple sahraoui dans les villes occupées se taille une bonne partie des préoccupations des congressistes» du fait, selon ses explications, qu'elle constitue «le fer de lance» de la lutte pacifique du peuple sahraoui surtout durant la période précédant la signature du cessez-le-feu. Il a souligné, toutefois, que le retour aux armes «n'a jamais été écarté par la direction du Polisario dans leur conception de la lutte pour l'indépendance».
Qu'en sera-t-il des négociations '
Le porte-parole du 13ème congrès du Polisario, M. Sidi Mohamed Omar, a indiqué samedi dernier à Tifariti que lors de la séance débat autour du rapport moral de la direction du Front, les congressistes avaient focalisé leurs interrogations autour de l'avenir du processus des négociations avec l'occupant marocain dans le cadre de l'ONU. M. Sidi Mohamed, qui animait un point de presse au terme de la séance d'adoption du rapport moral présenté au premier jour du congrès, a affirmé que «les congressistes avaient exprimé leurs interrogations et préoccupations sur l'ensemble des sujets traités dans ce rapport, en focalisant en particulier sur l'avenir du processus de négociations supervisées par l'ONU» et qui est, a-t-il noté, «à l'arrêt actuellement». Il a souligné, à ce sujet, que les réponses du secrétaire général sortant du Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, allaient dans le sens du contenu du rapport relatif, notamment, a-t-il précisé, à «l'engagement réitéré du Polisario à accompagner les efforts de la communauté internationale à faire avancer les négociations, dans le sens d'une solution dans le cadre des résolutions de l'ONU et du Conseil de sécurité garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Il a également indiqué que le choix des négociations réitéré par le secrétaire général sortant du Front «sera toujours accompagné par une intensification de l'Intifadha dans les territoires occupés ainsi que par la lutte diplomatique et médiatique engagée». S'agissant de l'option militaire, le porte-parole du congrès a encore réitéré la position du Polisario qui considère, a-t-il expliqué, que cette dernière «demeure une option stratégique auprès de la direction du Front et au sein du peuple sahraoui». «Le Polisario détient tous les moyens pour faire valoir une telle option», a-t-il ajouté, soulignant que «l'option des armes n'est pas écartée pour concrétiser l'option de ce congrès qui a pour slogan, - L'Etat sahraoui indépendant est la solution -».
Accord de pêche :les eurodéputés déboutent Bruxelles
Pour les Sahraouis, qui ont toujours dénoncé cet état de fait, le refus du Parlement européen de prolonger l'accord de pêche avec le Maroc et qui englobe les eaux territoriales du Sahara occidental «est une victoire» mais qui «ne veut pas dire que le Maroc n'essayera pas encore d'entraîner l'Union européenne dans d'autres accords illégaux». Pour l'eurodéputé du Parti socialiste unifié (PSU), M. Willy Meyer, «certes, le refus de prolonger l'accord de pêche passé entre l'UE et le Maroc constitue une victoire pour la légitimité et les droits des peuples», avertissant, toutefois, qu'«il ne faut pas se leurrer sur les intentions du Maroc qui reviendra certainement à la charge pour faire passer avec l'UE d'autres accords illégaux». M. Meyer a rappelé que cela fait sept ans que des eurodéputés luttent pour mettre un terme à ce genre d'accords qui sont, a-t-il dit, en contradiction avec la légitimité internationale. Il a, néanmoins, considéré que cette décision du Parlement européen, «même si elle intervient tardivement, peut être perçue comme un début pour rectifier les erreurs de l'UE envers le peuple sahraoui». Il a notamment souligné que cette victoire «est à mettre à l'actif de la société civile européenne et du comité des parlementaires amis du peuple sahraoui qui ont mis en avant l'illégalité de cet accord qui englobe des territoires qui ne sont pas sous la souveraineté marocaine». «Il ne faut surtout pas se leurrer sur les intentions des autorités marocaines qui 'uvrent déjà à ternir l'image du peuple sahraoui en Europe», a-t-il averti, affirmant que «le lobby marocain réagit déjà en tentant de passer d'autres accords de même type». L'eurodéputé du PSU d'Espagne a estimé, en outre, qu'«il ne faut pas s'étonner de l'attitude de la Commission européenne qui a déjà passé des accords avec Ben Ali de Tunisie, Moubarak d'Egypte et Netanyahu d'Israël qui ne sont pas autant respectueux des droits de l'homme». Il a également estimé que «l'UE tente déjà de favoriser les coutants conservateurs dans la région, comme celui des Frères musulmans en Egypte, pour maintenir ses intérêts économiques», ajoutant que le Parlement européen est dominé par les conservateurs. Répondant à une question relative à la position du nouveau gouvernement d'Espagne issu des dernières élections législatives dans le conflit au Sahara occidental, le député du PSU a soutenu qu'«il ne peut y avoir pire gouvernement en Espagne que celui du socialiste Zapatero pour dénier les droits des Sahraouis et soutenir les autorités d'occupation marocaines». Il a néanmoins indiqué, à ce sujet, que le PSU, qui dispose d'un groupe parlementaire composé de 11 élus, «ne laissera pas de répit au nouveau gouvernement en ce qui concerne la question sahraouie».


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