Algérie

Répression légalisée (III)



Si c'étaient des pro-Bachar Al-Assad qui tuaient tant de manifestants dans les rues de Damas, l'ONU ferait part de son horreur, de sa fureur sans limites, de son dégoût. Mais bien sûr, c'est Le Caire, et pas Damas, et les paroles doivent être tempérées quand on s'adresse à ses amis, surtout à ce général qui dirige le pays. Et attention ! Le ministre égyptien de l'Intérieur égyptien a parlé de «processus politique».Quel est donc ce «processus politique», quand on sait qu'un général agit de sa pleine volonté pour déposer un élu désigné par les urnes ' Ce même général qui vient de se rendre compte que les relations de l'Egypte avec Israël sont beaucoup plus importantes que n'importe quel coup d'Etat au Caire, et que la préservation du traité de paix entre l'Egypte et Israël vaut bien plus que toute prétention à la démocratie au Caire. Ce même général, meneur du coup d'Etat, vient également d'appeler tous les «Egyptiens honnêtes et loyaux» à soutenir la campagne de répression de l'armée. Ainsi, des manifestants anti-Morsi ont commencé à se rassembler jeudi soir sur la Place Tahrir au Caire ainsi qu'à Alexandrie et à Port Saïd. Entre-temps, les Frères musulmans (FM) ont appelé à des rassemblements, exigeant la rétablissement de Morsi qui est toujours en détention militaire. Le pays, qui compte 84 millions de personnes, est confronté à la perspective d'une intensification du bain de sang dans un conflit latent qui a coûté la vie, depuis le coup du 3 juillet, à au moins 200 personnes, pour la plupart des partisans de Morsi. L'Alliance pro-démocratie anti-coup d'Etat menée par les FM a accusé l'armée de publier un «appel explicite à la guerre civile.» L'armée a fixé aux partisans de Morsi une date limite jusqu'à samedi pour «rallier la nation qui s'apprête à se lancer dans l'avenir», en menaçant de «retourner les fusils» contre ceux qui perpétuent la «violence» et le «terrorisme». Entre-temps, à Washington, le gouvernement Obama a clairement fait comprendre qu'il ne s'opposera pas à la consolidation par l'armée de son pouvoir. Le secrétaire d'Etat américain adjoint, William Burns a informé jeudi de hauts responsables du Sénat et de la Chambre des représentants américains, en expliquant que le gouvernement n'avait aucune intention de rendre une décision reconnaissant qu'un coup d'Etat avait eu lieu en Egypte. En vertu du droit américain, une telle décision entraînerait la suppression de l'aide annuelle américaine de 1,55 milliard de dollars versée à l'Egypte, dont 1,3 milliard de dollars va directement à l'armée du pays. «Il n'est pas de notre intérêt national de prendre une telle décision», a dit un responsable gouvernemental à l'agence d'information Reuters. Voilà donc la «transition post-révolution»» toute désignée par Obama et Consorts. (Suite et fin)


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