Algérie

Repositionnement diplomatique du Caire en Libye



En tant que pays voisin, l'Egypte a fait valoir sa sécurité nationale, pour justifier son soutien aux autorités parallèles de l'est libyen, donc à Khalifa Haftar.L'égypte semble en train de revoir sa position en Libye, où elle a envoyé hier une délégation de haut rang à Tripoli, pour la première fois depuis six ans, pour discuter directement avec le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj, dans une démarche de réconciliation avec les autorités légitimes, issues de l'accord de paix de l'ONU.
Cette visite, que Le Caire aurait voulu sans bruit médiatique, selon certaines sources libyennes, marque un tournant dans ce conflit. Car, l'Egypte a toujours soutenu et sans ambiguïté le controversé général de l'est, Khalifa Haftar, sous-couvert de lutte contre le terrorisme et la mouvance des Frères musulmans, bannie du champ politique par le régime d'Abdel-Fattah al-Sissi au Caire. Ce soutien inconditionnel a failli pousser à une internationalisation du conflit en Libye et à une confrontation avec la Turquie, qui soutient le GNA.
Hasard du calendrier ou rendez-vous calculé, la visite de la délégation égyptienne intervient au lendemain de la visite du ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, à Tripoli. Ce dernier a menacé samedi soir d'écraser l'homme fort de l'est s'il venait à s'attaquer aux soldats tucs, présents en Libye, dans le cadre d'un accord conclu entre le GNA et le président Recep Tayyip Erdogan.
"Le criminel de guerre, le meurtrier qu'est Haftar et ses forces doivent savoir qu'ils seront considérés comme des cibles légitimes en cas d'attaque contre les forces turques", a déclaré Hulusi Akar, à l'issue de sa visite de deux jours à Tripoli vendredi et samedi. "S'ils franchissent ce pas, ils ne pourront trouver aucun endroit pour fuir (...) tout le monde devrait revenir à la raison", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Intervenant à l'occasion de la commémoration du 69e anniversaire, Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, a appelé à "chasser l'occupant turc" de la Libye, expliquant qu'il n'y aura "pas de paix en présence d'un colonisateur sur nos terres", ont rapporté les médias locaux.
Outre la tentative d'un rétablissement des relations diplomatiques entre Le Caire et le GNA, les discussions entre le ministre libyen de l'Intérieur, Fethi Bachagha, et le numéro deux des services de renseignements égyptiens, Aymen Badie, ont abordé des questions liées à la sécurité maritimes, un des dossiers qui préoccupe l'Egypte et qui implique directement la Turquie, dont le président est l'un des fervents promoteurs de l'idéologie des Frères musulmans avec son allié qatari.
D'autres sources diplomatiques ont affirmé aux médias libyens que l'Egypte veut également jouer au médiateur entre le GNA et le gouvernement parallèle de l'est libyen, pour éviter toute nouvelle confrontation armée entre les deux parties. Le fragile équilibre politique en cours risque en effet d'être remis en cause par cette montée des tensions, impliquant des parties étrangères, dont le soutien à l'un des deux camps a plongé le pays dans l'anarchie et le chaos.

Lyès Menacer


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)