Algérie

Report du procès en appel de «Mme Maya»



Une série de procès liés à la corruption mobilise depuis plusieurs jours différentes instances judiciaires, certains des dossiers programmés se chevauchent même, rendant impossible la tenue de l'un ou l'autre des jugements en raison de l'absence des détenus ou de leurs avocats.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - C'est ce qui s'est passé une nouvelle fois hier à la cour de Tipasa où devait comparaître en appel la fameuse Mme Maya, fille prétendue de Abdelaziz Bouteflika. Tous les prévenus ont été extraits de leur prison et amenés au tribunal, mais les avocats de la défense de Abdelghani Zaâlane, ex-ministre des Travaux publics, se trouvaient eux à ce moment au tribunal de Sidi-M'hamed où ils représentaient leur client qui devait également comparaître dans un autre procès qui se tenait en même temps. Une demande de report a été introduite de fait et elle a été acceptée par la cour qui a, cependant, refusé de programmer un nouveau jugement sous quinzaine comme le souhaitaient les avocats. Il a été renvoyé à samedi prochain, 12 décembre, soit deux jours avant le procès de l'industriel Benfisah dans lequel doit également comparaître Abdelghani Zaâlane. La cour de Tipasa a tenu à préciser qu'il s'agissait de la dernière demande de report à laquelle elle accédait. Tous les prévenus se trouvaient sur place. Il y avait Nechnache Zoulikha, première concernée et principale inculpée, Abdelghani Hamel, ancien responsable de la DGSN, Mohamed Ghazi, ex-ministre du Travail très amoindri par la maladie de Parkinson, son fils également poursuivi dans cette affaire, Abdelghani Zaâlane, ainsi que les deux filles de Mme Maya.
Il faut savoir que ces dernières comparaissaient en état de liberté. Condamnées à cinq années de prison par le tribunal de Cheraga, le 14 octobre dernier, elles ont été laissées en liberté sur décision du juge qui les a, cependant, placées sous ISTN (Interdiction de sortie du territoire national) durant cinq ans et ordonné la confiscation de tous leurs biens.
Plusieurs avocats interrogés ont qualifié la décision de laisser en liberté les filles de Mme Maya « d'ordinaire ». « Le juge peut condamner une personne et la laisser en liberté, c'est-à-dire ne pas prononcer de mandat de dépôt, pour des considérations humaines, dans le cas présent, il est clair qu'il s'agit d'un geste humanitaire, la mère de ces deux filles est déjà en prison, le magistrat n'a sans doute pas voulu aller jusqu'à emprisonner toute la famille, c'est considéré comme une liberté provisoire car le jugement ne sera définitif qu'après que la cour suprême se soit prononcée », expliquent ces derniers. La mère, Mme Maya, a, elle, écopé de 12 ans, d'une amende de six millions de dinars et la confiscation de tous ses biens.
Mohamed Ghazi, Abdelghani Hamel et Abdelghani Zaâlane ont, quant à eux, été condamnés à une peine de dix ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars.
L'ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, est le seul ministre de ce groupe à être concerné par un second procès deux jours plus tard, le 14 décembre. Il comparaîtra auprès des deux ex-chefs de gouvernement Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal et de Amar Ghoul dans le dossier de Benfisah. Cet industriel, incarcéré depuis plusieurs mois, est poursuivi pour obtention d'indus avantages et exploitation de terrains à vocation agricole. Dans sa chute, ce dernier a également entraîné avec lui trois anciens walis de Skikda. Les anciens ministres seront une nouvelle fois jugés pour octroi d'indus avantages.
L'affaire n'est pas des moindres, affirment des sources bien au fait de la situation. Les douanes et le port de Skikda se sont constitués en parties civiles pour obtenir réparation dans un dossier où les pertes occasionnées au Trésor public s'élèvent à dix millions de DA.
A. C.


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