Algérie

Report de la visite de Kouchner à Alger : Paris refuse de parler de crise



Report de la visite de Kouchner à Alger : Paris refuse de parler de crise
Le report de la visite de Bernard Kouchner, prévue initialement en ce mois de février, a ouvert la voie à diverses lectures et supputations. On entend ainsi des voix s'élever pour parler de crise entre les deux pays ! Qu'en est-il ' Ahmed Ouyahia, Premier ministre, a renvoyé la balle au Quai d'Orsay en précisant que c'est Paris qui a décidé de reporter cette visite et non pas Alger. Le Premier ministre rassure cependant que les relations entre les deux pays « sont normales » et basées sur le volet commercial, la circulation des personnes et les relations de bon voisinage. Pas de crise donc ! Mais Ouyahia n'a pas caché la colère d'Alger quant aux mesures de fouille exceptionnelle auxquelles sont soumis les voyageurs algériens en France comme aux Etats-Unis. De telles mesures ne peuvent s'inscrire en droite ligne du caractère exceptionnel des relations entre les deux pays. Les autorités diplomatiques algériennes ont déjà demandé à ce que l'Algérie soit retirée de cette liste. Les Etats-Unis ont affiché leur volonté de revoir les mesures en question, la France, quant à elle, est jusqu'à présent restée sur sa position. Le déplacement de Kouchner constituait une opportunité pour les deux parties de tirer au clair cette question.Désormais, il faut encore attendre. Attendre que les dossiers en suspens entre les deux pays soient ficelés. Côté français, on explique le report de cette visite par la nécessité de finaliser d'abord les dossiers qu'aborderont les deux parties lors de cette visite. « Les relations sont bonnes. La visite du ministre Kouchner aura lieu une fois que tous les dossiers prévus seront 'prêts », affirme Loan Forgeron, conseillère de presse de l'ambassadeur de France à Alger. Parmi ces dossiers, il y a la révision de la convention sur les relations consulaires entre l'Algérie et la France, les essais nucléaires et la délimitation de la zone à décontaminer, mais aussi la question de la libre circulation des personnes et la présence de l'Algérie sur la liste noire des pays à fort risque terroriste.« On n'effectue pas de visite juste pour se congratuler, mais plutôt pour construire quelque chose ensemble, pour faire évoluer les relations entre deux pays. Et pour cela, il faut que les dossiers soient avancés », précise-t-elle. Pour Mme Forgeron, il n'y a pas de brouille dans les relations entre les deux pays qu'elle qualifie d'intenses et de profondes. Elle admet qu'il y a « des petits irritants », notamment sur la question de la mémoire ainsi que l'affaire des moines de Tibhirine. Mais, pour elle, cela ne représente rien devant l'importance des relations entre les deux pays. « A force de ne parler que des irritants, on finit par voiler le côté positif, plus important, des relations entre ces deux pays », souligne-t-elle. L'ambassadeur de France, Xavier Driencourt, avait indiqué au début du mois courant, à Hassi Messaoud, avoir transmis les inquiétudes et la préoccupation des Algériens à ses responsables à Paris.Si Alger se montre irritée par plusieurs dossiers, Paris ne cache pas sa colère quant au projet de loi de certains députés algériens criminalisant le colonialisme français. Ainsi, le député UMP, Thierry Mariani, a réclamé, hier, le report provisoire de la ratification d'une convention franco-algérienne, programmée aujourd'hui à l'Assemblée française, pour protester contre ce projet. « J'avoue mon incompréhension et mon indignation face à cette initiative et m'interroge tant sur son objectif que sur ses motivations profondes », a déclaré le candidat UMP à la présidence du conseil régional de PACA, à l'AFP. « Sous le couvert d'enjeux de pouvoir internes, c'est non seulement ceux, rapatriés, qui ont vécu aux côtés du peuple algérien jusqu'en 1962 que l'on insulte, mais aussi, avec l'ensemble de l'armée française, les harkis que l'on méprise et que l'on injurie une nouvelle fois », a-t-il dénoncé.Il estime qu'avant que le Parlement ne ratifie cette convention, il doit être informé des intentions réelles du gouvernement algérien et de son Parlement quant à cette proposition de loi. Cette convention de partenariat franco-algérienne, déjà ratifiée par le Sénat, a été signée à Alger le 4 décembre 2007. Elle a pour objectif de poursuivre et d'approfondir le processus de refondation des relations bilatérales, lancé par les deux pays en juin 2000 et confirmé par la déclaration d'Alger du 2 mars 2003.


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