Algérie

Réponse de Normand



Le président Abdelaziz Bouteflika ira-t-il au sommet de l'Union pour la Méditerranée le 13 juillet prochain ? Il faudrait forcer la lecture pour voir dans les propos de Abdelaziz Belkhadem au journal Le Monde quelque chose de catégorique dans un sens ou un autre. On y a plutôt une illustration parfaite de ce qu'on appelle une réponse de Normand, c'est-à-dire ni oui ni non.

Plus consistantes et moins « normandes » - et donc susceptibles d'être un bon indicateur - sont ses déclarations au sujet du projet de l'Union pour la Méditerranée dont le contenu « reste flou ». On y retrouve l'objection connue - et d'ailleurs peu exprimée officiellement - que l'on ne veut pas, à la faveur de ce projet, entrer dans une démarche dont les projets serviraient de « couverture pour une normalisation rampante avec Israël ». La vision d'une UPM «à géométrie variable» permettrait de contourner cet obstacle: les pays arabes qui ne le désirent pas n'auront pas à être associés à des projets avec l'Etat hébreu. A plus forte raison quand les « négociations » entre l'Autorité palestinienne et Israël paraissent si mal parties en raison de l'entêtement de Tel-Aviv à imposer le fait accompli et à réduire le projet d'Etat palestinien à une fiction géographique et politique.

Mais c'est sur le fond même du projet d'Union pour la Méditerranée que Abdelaziz Belkhadem déroule des objections qui peuvent légitimement faire douter d'une participation du président Bouteflika au sommet inaugural de Paris. Le projet d'Union qui est proposé aujourd'hui n'est plus celui qui avait été proposé en 2007 par Nicolas Sarkozy. C'est un fait connu, mais le Chef du gouvernement semble clairement avoir une préférence pour le projet initial, dont les contours se limitaient aux pays du nord et du sud de la Méditerranée. Sans être aussi abrupt que le colonel Mouammar Kadhafi qui avait vitupéré contre une Europe soucieuse de son unité et pas de celle des pays arabes, Abdelaziz Belkhadem est plus que circonspect à l'égard d'une UPM devenue un succédané du Processus de Barcelone qu'il a qualifié, à juste titre d'ailleurs, de décevant.

Le format large de l'UPM (44 pays), une duplication de Barcelone, fait en effet douter de son efficacité. Une formule plus ramassée, régionale au sens réel du terme, a en effet plus de chance d'avoir un effet concret. L'approche purement méditerranéenne, qui était à la base du projet français initial, se voulait une rupture avec Barcelone. Or on y revient. Non seulement, estime Belkhadem, les choses n'ont guère avancé sur l'ensemble des volets, mais, à la suite des évènements du 11 septembre 2001, « les choses se sont dégradées ».

Avec le constat destiné à la France sur l'absence de mesures tangibles « pour mettre fin aux restrictions et discriminations auxquelles sont soumis les ressortissants algériens », l'argumentaire de Belkhadem dévoile une grande réserve à l'égard de l'UPM. Beaucoup plus claire que la réponse de Normand sur la présence ou non de Bouteflika à Paris.






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