Algérie

Repères économiques : Transition énergétique : quelques observations



Depuis de nombreuses années, on évoque régulièrement la problématique de la transition énergétique dans notre pays. Mais le débat s'accélère avec de nouvelles problématiques dues aux mutations technologiques et géopolitiques rapides qui se produisent dans le monde. Dans l'ensemble, les experts nationaux produisent des réflexions et des recommandations qui ne sont pas fort éloignées les unes des autres. Nous avons des compétences avérées dans ce domaine et leurs observations sont pertinentes.Par ailleurs, les données sur l'énergie présentent beaucoup moins de problèmes que les indicateurs macroéconomiques dont on dispose. Ce qui facilite beaucoup l'analyse. La transition énergétique est un des thèmes les plus récurrents dans les séminaires et les conférences. Normal ! Il y va de la survie de l'économie nationale et du bien-être de la population en général. Pour le moment, la diversification hors hydrocarbure demeure trop lente pour rassurer les citoyens et les analystes sur leur devenir.
Les analyses, généralement exactes, restent les mêmes dans notre contexte. Ce que disent les experts dans le domaine aujourd'hui n'est pas différent de ce qui s'est répété il y a dix ans. Mais les choses semblent s'accélérer ailleurs. Il y a dix ans de cela, plusieurs projets d'énergies alternatives commençaient à être abandonnés car on désespérait de la possibilité de les rendre rentables sans les subventions des Etats. Plusieurs entreprises internationales abandonnaient le projet Desertec car il leur semblait potentiellement non rentable.
Des entreprises qui produisaient des panneaux solaires faisaient faillite sans l'intervention des Etats. Mais à une vitesse vertigineuse, les économies d'échelles allaient réduire substantiellement les prix et rapprocher les entreprises des énergies renouvelables de leur point mort. Nous allons évoquer un échantillon de points qui nous semblent être d'une extrême importance. Par ailleurs, nous ne manquerons pas, vu l'étendue du problème, de faire abstraction de plusieurs facteurs essentiels.
Problématique d'Ensemble
Aujourd'hui, on est rassuré sur l'avenir des énergies renouvelables dans le monde. On a fortement sous-estimé le pouvoir de la technologie à participer au règlement des problèmes de ce monde. Ce sont des millions d'ingénieurs qui travaillent durement dans des laboratoires et sur le terrain qui produisent des petits bouts de solution qui dans l'ensemble ont boosté les capacités productives de cette technologie. Encore une fois, le processus a démontré que l'intelligence humaine qui fait un usage raisonné de la science arrive à produire ce qui s'apparentait il y a quelques années encore à des miracles. Mais les défis de cette technologie ne sont pas tous réglés.
Si les prix des énergies renouvelables se réduisent de plus en plus et deviennent déjà compétitifs par rapport à l'énergie fossile, ils sont encore loin de régler le problème du réchauffement climatique. Certes, on aura encore besoin de l'énergie fossile au moins pour les cinq ou dix prochaines décennies.
Mais il ne fait aucun doute que la part du renouvelable dans le monde ira en s'approfondissant. Aussi, on remarque la célérité avec laquelle les entreprises de production de véhicules substituent les voitures électriques aux produits classiques. Sous l'impulsion des Etats, la vaste majorité des constructeurs misent à moyen terme sur la voiture électrique.
Encore une fois, notre pays est conscient de tout cela mais c'est notre vitesse de réaction qui est encore trop faible. Certes, le plan du gouvernement vise à produire 22 000 mégawatts d'ici 2030 et atteindre à l'horizon 2030-2040 30% du renouvelable dans le mix énergétique. Ce plan est trop lent par rapport aux développements internationaux mais trop ambitieux par rapport à nos capacités managériales à mener en temps voulu et économiquement les projets de cette envergure.
Nous avons beaucoup à perdre si on n'accélère pas la cadence des investissements dans le renouvelable. Imaginons un instant que dans dix ans le renouvelable sera deux fois moins cher que le conventionnel. Des milliers d'entreprises vont se ruer pour proposer de l'énergie basée sur ces nouvelles technologies et les prix des hydrocarbures vont s'effondrer.
Le Potentiel n'est pas le Réel
Nous avons plusieurs problèmes essentiels lorsqu'on parle des énergies renouvelables. Le premier aspect concerne notre vitesse de riposte qui est lente. Ceci est dû à un phénomène bien connu des spécialistes en gestion : la faiblesse de nos capacités managériales. Il faut rajouter également la politique énergétique du pays qui laisse filer le gaspillage. Au début des années 2000, la croissance de la consommation d'énergie avoisinait les 5%, aujourd'hui elle se situe aux environs de 15%. Pour produire 1000 dollars de biens ou de services, on consomme 0,35 TEP (Tonne équivalent pétrole), le double des économies mondiales.
Il faut accélérer le projet du système d'identification des citoyens nécessiteux afin de les aider et fixer des prix réels à la consommation en plus d'une sensibilisation accrue de la population.
Donc, c'est un plan stratégique dont on a besoin avec ses volets opérationnels, une vison d'ensemble et des buts clairs. On consomme actuellement 40 tonnes par an, à ce rythme de croissance on arrivera à 100 en 2030 (données de l'Aprue), autant dire qu'il y aurait des miettes pour l'exportation.
Tout le monde s'accorde à dire que nous avons un potentiel énorme en termes d'énergie solaire pour satisfaire la demande nationale et exporter. Cependant, le potentiel est très peu de chose par rapport au réel, à la vision, la stratégie, les buts clairs, un management de classe mondiale et des résultats tangibles.
Prenons un exemple. Le potentiel touristique algérien est énorme. Nous demeurons parmi les 30 pays qui ont le meilleur potentiel touristique au monde. Mais depuis l'indépendance, nous tirons très peu de ce potentiel. Il ne faut donc pas dormir sur ses deux lauriers en prétextant le potentiel. Les pays et les entreprises qui iront rapidement vers les énergies renouvelables prendront les marchés desquels il nous sera impossible de les déloger.
Cela fait des années que l'on parle de renouvelable, mais le retard acculé est considérable. La vitesse d'exécution est aussi importante que le plan lui-même. Notre capacité à transformer un plan en projets est lente et faible et notre capacité à l'exécuter sur terrain l'est davantage. C'est cela qui est inquiétant.


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