Algérie

Repère : Vous avez dit système '



Dans les années 1980, il me souvient d'une anecdote que m'avait racontée, à propos du «système», mon ami, le regretté Brahim Dahmani, journaliste à l'APS. Le système politique en Algérie, m'avait-il dit, s'appelle en réalité STEME, on lui a ajouté si, comme une révérence pour le glorifier et le valoriser, pour les immenses avantages qu'il procure à tous ses bénéficiaires. Brahim l'avait bien compris, car le système utilise les moyens les plus inimaginables avec des pratiques rodées pour perdurer.Quelques jours avant, Brahim avait été invité à la TV algérienne pour une table ronde, où il avait mis à nu, avec force arguments, toutes les thèses farfelues défendues par un cacique du parti FLN, de surcroît ministre à l'époque, qui ne savait plus comment répliquer, tant l'argumentaire de Brahim était logique et en béton. Les anciens se rappelleront de cet épisode comme un fait incongru dans un environnement muselé. Mais c'était assez pour ébranler les assises du système qui a trouvé très vite la parade.
Pour se débarrasser de cet «intrus» qui empêche le si-stème de tourner (en rond !), ce dernier a envoyé (exilé) Brahim à Harare, au Zimbabwe, en qualité de correspondant de l'APS, même si la relation diplomatique avec ce pays était insignifiante. Brahim avait, à l'époque déjà, compris que le si-stème (comme on dit Si Kaddour ou Si Aïssa) avait plongé ses racines profondément et était difficilement déboulonnable. Aujourd'hui et vu les dégâts causés depuis des décennies, les foules qui ont marché sept vendredis durant, en appellent au départ du système qui a pris en otage toute la société, réduite à un faire-valoir.
En fait, que demande le peuple ' Le changement, car il sent que l'effondrement des valeurs morales a gangrené peu à peu les fondements de la vie publique, corrompu les liens sociaux, de la cellule familiale jusqu'au sommet de la pyramide, et a miné et laminé les espérances collectives. Le peuple ne veut plus vivre le même scénario du système hideux de Bouteflika qui a encouragé le repli dans le cocon individuel, qui a entraîné l'expulsion des masses de la vie en société, soumises à une corruption sans nom !
Les solidarités sociales ont été ainsi fortement ébranlées, pour ne pas dire annihilées, laissant place aux antagonismes stériles et aux combats d'arrière-garde. Devant la sourde angoisse du déclin et la peur du statu quo, le peuple, au milieu du gué, est en attente de reconstruire un pays déchiré, tant au plan physique que moral. Pourquoi donc les jeunes, particulièrement, ont crié à tue-tête leur colère et leur espérance, au cours de ces dernières semaines. Parce qu'ils ont vu leur viatique, qui consiste à un projet fait de rêves où s'échafaudent des projets de vie, encore une fois menacé. Au printemps de leur vie, les jeunes se sont, malgré eux, transformés en générations de mutants vivant péniblement leurs souffrances dans un monde désenchanté.
Rarement, aura-t-on vu une jeunesse en si grande rupture non seulement avec ses aînés ,mais avec la société toute entière. Au sentiment déprimant d'un futur aléatoire, se joignent l'amertume d'une dévalorisation sociale et le sentiment d'inutilité dans une société que le système Bouteflika a déglinguée. Combien de fois leur a-t-on menti, en leur promettant la transmission du flambeau qui n'est jamais venue. Cette fois-ci, ils croient profondément avoir renoué avec les ressorts du renouveau en entrant dans une ère où ils auront leur place.
Pas aux côtés de ceux qui sont à l'origine des échecs, des forfaitures et des fuites en avant suicidaires ! Le peuple n'en veut plus de ce système archaïque et sclérosé qui s'est acharné beaucoup plus à asservir la société qu'à la servir. Les politique, décideurs qui n'ont ni la stature ni l'éthique intellectuelle et morale, au lieu d'être des régulateurs de la vie publique, se sont engagés jusque-là en maître arrogants, n'apparaissant dans la conscience des citoyens que comme des agents non pas au service de la collectivité mais au service exclusif de leurs mentors qui les ont indûment promus sur la base des seuls critères de l'allégeance et de la servitude.
En attendant d'être définitivement fixés sur leur sort, les jeunes, et on l'a vu lors des marches, recourent à la dérision. Toujours la dérision ! en rendant ridicules, visibles et dérisoires les dirigeants qui ont mené la barque Algérie, droit dans le mur. Ces jeunes qui ont brandi des caricatures, ont tagué des dessins fort révélateurs, ont voulu insinuer que derrière chaque dessin, chaque caricature, chaque homme, il n'y a qu'un pantin indigne qui n'inspire ni intérêt, encore moins du respect. A la longue, seuls les peuples comptent. Car les dirigeants partent souvent sans gloire !


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