Algérie

Repère : Risque de guerre au Liban


Le Liban est habitué aux crises politiques. C'est l'une des conséquences de ce fameux Pacte national, un accord non écrit conclu en 1943 et qui régit encore la vie politique, avec ce que cela comporte comme répartition de postes politiques entre les différentes communautés. Sauf que des dérapages et même une longue guerre civile ont marqué l'histoire contemporaine de ce pays. Différents accords depuis 1990 en ont bien marqué le parcours, mais sans jamais proposer quoi que ce soit de durable comme la fin de l'impunité aujourd'hui, ou encore l'équation entre la justice et la stabilité. Ce sont ces deux notions qui sont aujourd'hui avancées pour justifier le travail du Tribunal spécial sur le Liban (TSL) chargé d'enquêter sur l'assassinat en février 2005 de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Mais des explications qui ne font pas consensus, surtout que le TSL a essuyé de très fortes critiques avec cette histoire de faux témoins, et qu'il semble cette fois avoir conclu son enquête, dont les conclusions sont connues de certains cercles malgré le secret qui aurait du caractériser la démarche. Des gouvernements étrangers ne s'en sont pas cachés, malgré la réserve nécessaire pour de tels cas de figure, et même longuement rapportés par des médias. Et pourtant le procureur du TSL se lançait hier dans un exercice rendu inutile par de telles fuites. Daniel Bellemare mettait en garde contre «toute spéculation» sur le contenu confidentiel de l'acte d'accusation dans l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, «première étape» vers «la fin de l'impunité au Liban». Que reste-t-il de confidentiel quand tout a été dit, et que la conséquence est analysée non seulement au Liban, mais dans certaines capitales étrangères ' Rien effectivement.C'est ainsi que le Hezbollah savait depuis plusieurs semaines qu'au moins certains de ses cadres seraient cités dans l'acte d'accusation. Ce qu'il récuse fortement, y voyant avant tout une manière de se rapprocher du sommet pour mieux s'en prendre à  lui en tant qu'organisation déjà objet d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU demandant le désarmement des milices. Pour lui le lien est évident, ce que le premier ministre Saad Hariri refusait d'admettre, et il en paie le prix avec la chute de son gouvernement. Et les Libanais en viennent à  considérer cette fois et même plus qu'en 2008, que le recours aux armes soit inévitable, les données actuelles seraient bien plus graves selon eux. Un sentiment renforcé par l'attitude de l'armée qui a renforcé hier sa présence dans plusieurs points de Beyrouth et des écoles ont fermé, ce qui est plutôt rare. Il est vrai que le ministre de l'éducation sortant a appelé les écoles à  reprendre les cours. Mais une telle mesure a été prise après l'apparition tôt le matin de centaines de jeunes dans plusieurs quartiers de l'ouest de la capitale, où le Hezbollah qui a  prévenu qu'il se «défendra» contre toute charge, sans que l'on sache ce que cela veut dire très exactement. Le magistrat canadien avait remis lundi après-midi son acte d'accusation, attendu depuis des mois au Liban et dans toute la région, au juge de la mise en état. Celui-ci est chargé de l'examiner et de le confirmer avant le lancement de mandats d'arrêt ou de citations à  comparaître. «Le maintien de la confidentialité est essentiel car je ne peux présumer que le juge de la mise en état confirmera l'acte d'accusation», a expliqué M. Bellemare, selon lequel le document sera rendu public «en temps voulu». Il a rappelé qu'en vertu du règlement du tribunal, il ne pouvait révéler les chefs d'accusation ou les noms des personnes concernées par l'acte  d'accusation.
Est-ce suffisant pour rassurer les Libanais' Certainement pas, au regard de déclarations, lesquelles en réalité ne font que renforcer leur sentiment de peur.
 
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