Algérie

Repère : petits pas International : les autres articles


Munich valait le déplacement. Très officiellement, la ville allemande abritait sa conférence annuelle sur la sécurité, mais c'est l'occasion pour des rencontres, même les plus inattendues. Comme celles qui ont réuni successivement les chefs de la diplomatie russe et iranienne, avec le chef de la Coalition de l'opposition syrienne. Une grande première, sans que l'on sache si l'action était concertée, et si par ailleurs, elle allait être une fin en soi, des réserves étant émises de part et d'autre. Effectivement, le ministre russe Serguei Lavrov a bien rencontré le chef de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution syriennes, Ahmed Moaz Al Khatib, mais Moscou en a saisi l'opportunité pour rappeler à la coalition sa disponibilité d'entamer «un dialogue avec le gouvernement syrien, alors même (qu'elle avait été) créée sur la plateforme du refus de discuter avec le régime».
Malgré aussi le fait, et Moscou se garde de le dire ouvertement, que si cette coalition a été effectivement reconnue par le «Groupe des amis de la Syrie», il en est autrement au sein même de l'opposition syrienne, dont des segments entiers disent n'avoir rien à voir avec elle. D'ailleurs, M. Lavrov n'a pas manqué de souligner que «l'opposition comprenant plusieurs groupes différents, il serait difficile de s'entendre sur la composition d'une délégation unie».
Au sujet de la position russe, l'opposition syrienne a, elle aussi, à dire, en soulignant que «si la Russie pense à ses véritables intérêts futurs dans la région, (...) elle doit se ranger du côté des revendications légitimes du peuple syrien et non pas de ceux qui tuent le peuple syrien». Même constat pour le ministre iranien des Affaires étrangères qui a salué la décision de Moaz Al Khatib, de dialoguer, sous conditions, avec le régime. J'ai dit à M. Al Khatib : «Réunissez-vous, organisez des élections présidentielles sous surveillance internationale, pour que chaque partie puisse être sûre que le processus se déroule convenablement», a-t-il déclaré.
Bien entendu, un tel frémissement a été vite capté surtout que la Russie et l'Iran sont présentés comme d'importants sinon les seuls alliés du régime syrien. Il va sans dire que le principe même de ces rencontres inédites est extrêmement important. Dans les deux cas, estime-t-on d'ores et déjà, leur portée va bien au-delà de la simple équidistance, ou de l'équilibre que rechercherait la diplomatie des deux pays. Mais tout laisse à croire qu'une telle démarche a été favorisée par l'opposition elle-même et sa volonté de dialogue avec le régime, et non pas avec le pouvoir en place, la nuance étant véritablement importante. Est-ce une réponse à des intentions prêtées, en ce sens, à des personnalités du régime syrien ' Toujours est-il, il y a là un ensemble d'éléments peut-être imprécis, s'agissant d'élaborer un édifice, avec des pièces de puzzle qu'il semble difficile d'assembler, le conflit syrien ayant pris des proportions jamais atteintes sous d'autres latitudes.
C'est en ce sens qu'interviennent les propos de l'émissaire international, lui aussi présent à Munich, et qui rappelle avoir noté une nouvelle tendance en Syrie : tout en insistant sur leurs conditions, les deux parties en conflit évoquent la nécessité d'un «règlement politique».
Dans ce contexte, Lakhdar Brahimi a proposé aux deux parties de se réunir à l'étranger pour discuter du règlement syrien selon un calendrier, et ce, tout en prévenant que «les Syriens eux-mêmes ne pourront rien faire pour inverser la situation» sans le Conseil de sécurité. Une évolution se profilerait donc. Ce sont quelques petits pas que la communauté internationale suit attentivement. En espérant un processus fort qui mènerait vers un règlement durable.
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