Algérie

Repère : Leçon libyenne L'événement : les autres articles



Après sept mois de bombardements, l'Alliance atlantique a annoncé hier la fin de sa mission en Libye, même si, tient-on à rappeler de manière tout aussi officielle, la mort, jeudi, de Mouammar El Gueddafi, n'en a jamais été l'objectif. Et pourtant, elle a pris une part active, sinon décisive, dans l'élimination d'El Gueddafi. C'est donc la fin de celui qui s'était proclamé «le roi des rois» d'Afrique, comme si cela pouvait exister, mais tout juste pour couronner un parcours que lui-même avait tracé et dont on se rendra compte qu'il a été chaotique. A commencer par ce titre, dont certains s'accommodaient tout juste afin de ne pas froisser celui qui le porte, car les conséquences pouvaient être terribles pour leurs pays respectifs. En jouant sur leurs divisions, quand celles-ci étaient un fait avéré, sinon qu'il pouvait en créer, en s'adressant à ces chefs de mini-royaumes dont l'existence même signifiait la faiblesse de nombreux Etats africains.
Des chefs d'Etat africains le redoutaient, et lui avait les moyens de sa politique, malgré les durs revers qu'il a essuyés, comme au Tchad dans les années 1980. Les Africains n'étaient toutefois pas les seuls à s'en accommoder, puisque les Occidentaux ont fini par accepter le déjà leader libyen, jusqu'à ses excès, et même par l'intégrer dans leur jeu. Une espèce de réhabilitation qui lui a permis de revenir dans le circuit des relations internationales. D'ailleurs, certaines chaînes de télévision occidentales se sont fait jeudi un réel plaisir à rappeler des faits accompagnés d'images sur le comportement de ce même Occident. D'abord, l'image de l'ancien Premier Ministre britannique, Tony Blair, donnant l'accolade à El Gueddafi. Ou encore les déplacements fortement médiatisés de ce dernier en Italie et en France. Il a beaucoup été question d'accueil, mais aussi, in fine, de cette forte et tout aussi réelle rivalité occidentale.
La Libye reste un immense puits de pétrole, c'est aussi un bon payeur. Jusqu'à ce jour de mars dernier, quand il allait lancer son armée contre la ville de Benghazi, premier bastion de l'opposition, et ensuite de la rébellion libyenne. A partir de là, tout s'est enchaîné, et sa chute devenait inéluctable. Ce n'était plus qu'une question de temps. Combien en faudra-t-il maintenant pour assurer l'avenir ' C'est ainsi que se pose très certainement la question la plus importante. C'est en Libye même que se pose cette fameuse question d'héritage.
Un immense gâchis, devrait-on dire, même si à l'échelle de la Libye, il n'y a pas de mot plus fort. L'on se rend en effet compte que l'Etat en tant que tel est à construire, car le système qui vient de s'effondrer a fait exactement l'inverse, en favorisant le fractionnement de la société dépourvue par ailleurs d'institutions, dans leur forme la plus acceptée. La Jamahirya, l'Etat des masses, disait-il, affirmant que lui n'assumait pas la moindre fonction officielle. Il en était le guide, et ensuite «roi des rois d'Afrique». C'est aussi un régime dynastique qui se mettait en place, avec un héritier qui prenait de plus en plus de pouvoir, accepté aussi par l'étranger. Pas de libre choix, et encore moins d'opposition. On sait ce qu'il en a fait, l'élimination pure et simple.
Plus que de la ruse, c'est la terreur qui se substitue à l'intelligence et à l'adhésion sincère. Par contre, l'inverse est vrai, avec toute cette opposition qui n'est pas celle d'une personne ou d'une région. Autant dire qu'il a mis en place les éléments de sa propre destruction. C'est cela la leçon libyenne.


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