Algérie

Repère : le pouvoir dévore ses enfants Actualité : les autres articles



Le dernier élément du puzzle de la destitution du secrétaire général du FLN entamée avec le travail de sape du mouvement de redressement lancé depuis de longs mois vient d'être sorti de son emballage. Huit ministres, considérés comme les «éléphants» du parti, membres des hautes instances dirigeantes de cette formation, au bureau politique et au comité central, sont sortis de leur réserve dans un communiqué rendu public mercredi pour retirer leur confiance à Belkhadem et exiger son départ de la tête du parti. Certains de ces ministres sont connus pour leur proximité avec le président Bouteflika.
Les observateurs auront relevé la concomitance des actions de contestation visant les chefs des deux partis de l'alliance présidentielle : le RND qui a réussi à débarquer il y a quelques jours son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, contraint et forcé à la démission, et le FLN dont les jours de Belkhadem semblent désormais bel et bien comptés. Simple fait du hasard ' On retrouve, au niveau des deux partis, la même trame quant aux scénarios de destitution mis en place : mouvement de redressement, retrait de confiance aux chefs de ces deux partis par leurs ministres respectifs représentés au gouvernement, man'uvres au niveau de leurs groupes parlementaires'
Autant de signes qui laissent à penser que cette partition de changement qui s'est jouée à la tête du RND et qui égrène ses dernières notes pour le FLN est dirigée par un même maestro qui a écrit la musique et choisi le moment de la représentation. En vérité, tout cela ne fait plus mystère, aujourd'hui, pour l'observateur averti, voire pour le commun des Algériens, tant les événements sont sortis de leur cadre naturel, partisan, pour prendre les contours de crises politiques, voire institutionnelles dans l'objectif de légitimer les départs de Ouyahia et de Belkhadem.
Mais pour que la symphonie ne soit pas chahutée par des fausses notes, les musiciens doivent accorder leurs instruments et s'interdire d'aller sur un autre répertoire, au risque de provoquer une cacophonie, comme c'est le cas de ce mégaconcert du FLN d'où il ne sort qu'un épais brouhaha. Que l'on en juge. Au commencement, il y avait le mouvement de redressement ; puis de nouveaux acteurs sont entrés en scène : les parlementaires du parti. Avec les derniers résultats des législatives qui ont conforté la légitimité de Belkhadem en faisant du FLN la première force politique du pays en termes de sièges de député obtenus, il était tout naturel que les parlementaires du parti volent au secours de leur secrétaire général.
Vers une crise institutionnelle '
Difficile d'imaginer le contraire pour des candidats qui ont sans nul doute fait acte d'allégeance à Belkhadem pour être retenus sur les listes électorales du parti. Le communiqué de soutien au premier responsable du FLN, signé par le groupe parlementaire du parti, n'avait à cet égard rien de surprenant. Belkhadem en est sorti renforcé. Mais pas pour longtemps. Car quelques jours après, d'autres députés, emmenés par le président de la commission de défense de l'APN, ont rendu public un autre communiqué soutenant l'initiative des anciens ministres qui demandaient le départ de Belkhadem. Et pour couronner le tout, cette dernière salve de ministres en poste, des poids lourds du parti, qui s'apparente à un combat rapproché au corps à corps, à la baïonnette, entre Belkhadem et ses détracteurs.
Cette guerre fratricide qui déchire le FLN risque d'avoir de lourdes conséquences non seulement sur le parti, mais aussi, de manière plus générale, sur le pays. Avec huit ministres FLN du gouvernement entrés en dissidence contre leur secrétaire général, un groupe parlementaire composé d'un certain nombre de députés qui ont décidé de se ranger derrière leur chef et d'autres de prendre leurs distances, l'on s'achemine tout droit vers une crise institutionnelle grave, sachant la place du FLN en tant que parti majoritaire dans le jeu politique et institutionnel.
Imaginons, dans ce décor bunkérisé où l'exécutif et le législatif ne sont plus sur la même ligne politique si l'on se fie aux déclarations et positionnements des uns et des autres, quel sera le sort des projets de loi qui atterriront dans l'hémicycle de l'APN ' Les députés proches de Belkhadem vont-ils censurer le gouvernement et le mettre en difficulté ' Assisterons-nous à des repositionnements dictés par le nouveau rapport de force qui ne semble plus jouer en faveur du secrétaire général du FLN ' C'est l'hypothèse la plus vraisemblable, comme cela s'est vérifié avec le groupe des ministres qui faisaient il y a quelques jours à peine antichambre avec Belkhadem avant de s'en éloigner brusquement avec fracas et sans autre forme de procès.
De la même manière, il n'est pas saugrenu de penser que les députés qui ont pris le parti de Belkhadem se rétractent, eux aussi, sans le moindre état d'âme en le lâchant pour sauvegarder leurs sièges et leurs privilèges. Reste la question de savoir que fera ou, plus juste encore, que pourra faire Belkhadem ainsi désarmé et neutralisé au niveau de toutes les sphères du pouvoir ' Sinon de rentrer à la maison comme Ahmed Ouyahia car il en a désormais la certitude, avec les nouveaux développements survenus ces dernières heures, que l'ordre de son exécution est signé par une main lourde.


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