Algérie

Repère : Le long hiver des Palestiniens


Certains esquissent des courbes pour situer la cartographie de ce qu'on appelle communément le printemps. Sauf que l'exercice est inutile, sinon qu'il est hautement malsain puisqu'il ignore la lutte du peuple palestinien. Il est tout simplement impossible d'opposer libération et libertés, car ces deux notions ne l'ont jamais été, elles sont même inséparables. Toujours est-il qu'il y a un black-out sur la question palestinienne, ou bien alors que des éléments entiers de ce conflit sont occultés.
Ainsi en est-il du rôle de l'ONU, gardienne de la mémoire, et qui dresse régulièrement l'état des lieux. Son sous-secrétaire général aux Affaires politiques n'a pas bénéficié de l'attention que requiert la gravité de ses propos. Une analyse sereine et lucide de ce conflit l'a amené devant le Conseil de sécurité de l'ONU à  conclure à  «l'improbabilité de progrès», ou encore que le chemin vers la paix semble dangereusement incertain. Malgré le ton pessimiste, l'on remarquera néanmoins la prudence du propos, lequel se base sur des éléments concrets, et principalement la poursuite de la colonisation israélienne à  l'origine de la suspension, en septembre 2010, des négociations israélo-palestiniennes. Ce processus, rappelle-t-on, a été lancé en 1967 et appliqué avec le même zèle par la classe politique israélienne dans toutes ses tendances. Et pour illustrer son analyse, le haut fonctionnaire onusien dira qu'au cours du dernier mois, l'occupant israélien a autorisé la construction de plusieurs nouvelles colonies, ainsi que la démolition de 57 bâtiments palestiniens en Cisjordanie. Le pessimisme est aussi alimenté par une flambée de violence de la part des colons israéliens et plus de 300 opérations militaires israéliennes en Cisjordanie.Ou encore que les attaques lancées par les colons israéliens contre les civils palestiniens sont devenues systématiques. Des éléments connus, devrait-on dire, puisqu'il y a peu, il a été affirmé que la politique de colonisation a fait que l'été 2011 a battu tous les records. Pour des centaines de Palestiniens dans la vallée du Jourdain, c'est «l'été des démolitions», selon l'expression d'une organisation israélienne. Avant l'occupation de 1967, quelque 250 000 Palestiniens vivaient ici, mais, selon un récent sondage du Bureau central palestinien des statistiques, il en reste moins de 65 000 aujourd'hui. Au cours des huit derniers mois, les démolitions de maisons et les expulsions forcées ont quintuplé par rapport à  2010. L'objectif est de priver un éventuel Etat palestinien d'une réserve essentielle de terres, d'un arrière-pays agricole et d'une infrastructure économique stratégique. D'un autre côté, elle lui assure son unique entrée terrestre. Israël contrôle maintenant plus de 90% de la vallée du Jourdain, grâce à  36 colonies. Quant au bilan établi par l'Union européenne, il ne manque pas lui non plus de pertinence en relevant la dégradation des rapports entre la majorité juive et la minorité palestinienne en Israël, tout en pointant du doigt l'absence de perspective de relance du processus de paix. Sa conclusion est un avertissement lancé à  Israël pour qu'il prouve qu' «il n'est pas seulement juif et démocratique, mais tolérant et ouvert» aux Palestiniens. Là aussi, la question ne manque pas de pertinence, mais la réponse a déjà été apportée par l'ONU qui a assimilé le sionisme au racisme. Ou encore cette conclusion selon laquelle Israël est un Etat démocratique pour les juifs et juif pour les Palestiniens. Tout, en réalité, est fait pour étouffer la revendication palestinienne, ou encore rendre non viable tout futur Etat. Avec cette notion d'Etat juif, Israël maintient son opposition au retour des réfugiés palestiniens, toujours dans l'agenda des négociations. C'est cela l'hiver des Palestiniens. Cela fait soixante-trois ans qu'il dure.
 
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