Echappant désormais à l'ONU, le conflit syrien prendrait des proportions inattendues si le contexte actuel venait à se dégrader davantage, impliquant non seulement le voisin turc, mais les alliés de ce dernier, qui ont donné hier le ton sans faire dans la nuance au sujet d'une question pour le moins controversée. Il s'agit de l'avion de combat turc abattu vendredi par la défense syrienne, en territoire international, selon Ankara, mais dans l'espace syrien, selon Damas. Et si hier l'Alliance atlantique, réunie en urgence, et en vertu de l'article quatre du Traité de l'Alliance, a pris fait et cause pour la Turquie et condamné le tir syrien, la chose devient autre et d'une toute autre nature, selon la Russie. «Nous considérons cet acte comme étant inacceptable et nous le condamnons dans les termes les plus forts (...) Les Alliés ont exprimé leur fort soutien et leur solidarité avec la Turquie», a ainsi déclaré son secrétaire général.
Pourtant, soutiennent des experts russes, l'avion turc testait la défense anti-aérienne syrienne pour le compte de l'OTAN et sa destruction a montré l'efficacité des systèmes russes dont est équipée la Syrie. La question deviendrait autre, et il n'y aurait plus lieu de parler d'incident. L'histoire contemporaine en est malheureusement jalonnée, et tous ou presque ont été suivis d'une guerre. Plus que cela, et cela devrait laisser la place aux experts, ou à des sources supposées indépendantes, Damas maintient sa version des faits et précise même que l'avion abattu «s'est abîmé dans les eaux territoriales syriennes», ce qui, de l'avis des spécialistes, serait facile à vérifier.
Quelle que soit la réalité des faits, tout indique une accentuation de la tension. En ce sens, le Premier ministre turc, Erdogan, a prévenu hier que «les règles d'engagement des forces armées turques ont désormais changé. Tout élément militaire qui posera un risque et un danger de sécurité à la frontière turque venant de la Syrie, sera considéré comme une cible» militaire. Il dira aussi que «ce dernier événement montre que le régime d'El Assad est devenu une menace claire et proche pour la sécurité de la Turquie, comme pour son propre peuple». Ce qui veut dire que son pays doit tout faire pour s'en prémunir, ou encore éliminer cette menace qu'aucune partie ne pourrait supporter il est vrai. Mais comment et désormais avec qui, avec l'implication de l'OTAN qui vient en toute logique de manifester son soutien à un de ses membres.
La réunion d'hier s'est tenue en vertu de l'article quatre prévoyant que tout pays membre peut porter une question à l'attention du Conseil quand il estime que son intégrité territoriale ou sa sécurité est menacée. L'article suivant, le fameux article cinq, consiste en un engagement militaire aux côtés de l'Etat membre en cas d'attaque extérieure. Ce qui est par ailleurs inquiétant, c'est l'absence de perspective de règlement par la voie diplomatique. Celle évoquée depuis quelques jours et qui consiste en une réunion internationale à Genève, paraît bouchée. L'ONU indiquait hier qu'elle n'avait toujours pas reçu de confirmation de la conférence en question qui pourrait avoir lieu le 30 juin.
«Sur la réunion hypothétique du 30 juin, elle reste hypothétique, c'est-à-dire que nous n'avons aucune confirmation», s'est contentée de dire une fonctionnaire des Nations unies. Ce qui veut tout dire, et surtout chasser le peu d'optimisme, ou le préjugé favorable qui lui a été accordé. Bien que qualifiée de décisive, cette réunion sur l'avenir de la Syrie a été souhaitée par l'émissaire international, Kofi Annan, et elle devait rassembler les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, et des Etats de la région dont l'Iran. Tout serait donc remis en cause. Qui y a intérêt '
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Posté Le : 27/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com