Algérie

Repère : La Côte d'Ivoire hantée par le spectre de la guerre civile



Même crypté, le langage diplomatique, ou ce qui est considéré comme tel, permet tout de même quelque lisibilité. En ce qui concerne la crise en Côte d'Ivoire, tout laisse comprendre qu'il y a réellement danger et que les chancelleries étrangères ont décidé de prendre les mesures d'urgence. Sécurité renforcée, sinon évacuation de ce qu'on appelle communément «personnel non essentiel». Ainsi en est-il des Nations unies qui ont décidé de déplacer pas moins de 460 personnes vers la Gambie pour des raisons évidentes de sécurité. Quant à  l'émissaire de l'Union africaine, chargé d'une mission que l'on savait vouée à  l'échec, son message aux dirigeants ivoiriens est lui aussi clair. L'ancien président sud-africain leur a en effet demandé de faire «tout leur possible» pour «préserver la paix». Thabo Mbeki a quitté lundi la Côte d'Ivoire sans résultat probant. La mission en elle-même paraissait impossible en raison de l'intransigeance de Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir pour lequel la communauté internationale lui indique qu'il n'a pas été élu. C'est son adversaire Alassane Outtara qui bénéficie du soutien international. Au bout du compte, la Côte d'Ivoire, qui compte depuis samedi deux présidents de la République et autant de Premiers ministres, allait se retrouver hier avec deux gouvernements. L'équipe du Premier ministre de M. Gbagbo, l'universitaire et économiste Gilbert Marie N'gbo Aké, devait en effet àªtre présentée hier. Lundi, le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro – chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le Nord depuis le coup d'Etat manqué de 2002 – a réuni son gouvernement dans le grand hôtel d'Abidjan où le camp Ouattara a établi ses quartiers, sous la protection de la mission onusienne et d'éléments des FN. M. Soro est également ministre de la Défense, mais l'armée régulière – il faut bien la qualifier ainsi puisque le pays compte sur son sol une rébellion armée et des armées étrangères, même si l'une d'entre elles y a été dépêchée par l'ONU – a décidé de soutenir le président sortant. Il s'agit de l'Onuci, qui compte plus de 10 000 casques bleus, policiers et employés civils.     
Ce qui rend dérisoires tous les discours sur la souveraineté nationale et la préservation de la paix, l'une et l'autre étant sérieusement malmenées, sinon compromises. Ce qui devrait figurer dans le bilan de M. Gbagbo. D'ailleurs, tout laisse croire que la fracture bien réelle, avec un pays divisé en deux, va s'aggraver, M. Soro ayant fait monter la pression en n'excluant pas une confrontation avec M. Gbagbo.
«S'il nous oblige, on n'aura pas d'autre choix», a-t-il averti. Dans ce contexte de forte tension, les chefs d'Etat et de gouvernement de la Cedeao étaient réunis hier à  Abuja pour un sommet extraordinaire auquel aucun dirigeant de la Côte d'Ivoire – un des 15 membres de l'organisation – n'a été convié. Comme une grande partie de la communauté internationale, la Cedeao a très fermement rejeté le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo à  l'issue de la présidentielle du 28 novembre et apporté son soutien à  Alassane Ouattara.      On apprenait aussi hier que les Etats-Unis accentuaient leurs pressions sur M. Gbagbo pour qu'il quitte le pouvoir. Le président américain a fait remettre à  M. Gbagbo une lettre par voie diplomatique en fin de semaine dernière, lui présentant le choix qui s'offre à Â  lui. Les termes de ce choix sont «soit de respecter les résultats de cette élection et vous écarter» soit «de faire face à  un isolement accru sur la scène internationale» et de «subir les conséquences de vos actes injustes». Le président a affirmé àªtre prêt, si M. Gbagbo s'inclinait, à  l'inviter à  Washington «pour discuter de la façon dont vous pouvez continuer à  jouer un rôle en Afrique de l'Ouest à  l'avenir». Cette offre sera-t-elle acceptée, même si la Cedeao, organisation représentant cette partie du continent, a déjà condamné Gbagbo '


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