C'est certainement le seul scénario que le cinéma indien, pourtant jamais à court d'idées, n'arrive pas à élaborer. Habitué à vendre du rêve, Bollywood ne s'est pas encore mis à l'heure du réalisme indien, ou plus précisément de ce qui tient lieu de miracle. Chaque année, le monde attend les données chiffrées de l'économie indienne, partie à la hausse en 1991 et dont l'impact social est phénoménal. Le pari a été lancé en pleine guerre du Golfe et il aurait pu prendre la forme classique d'un pays en faillite, contraint de gager les bijoux de famille. L'Inde s'apprêtait effectivement à gager son or et l'avion pour Londres était même prêt à s'envoler avec sa précieuse cargaison. Sauf que la presse a rendu un énorme service au pays en dévoilant l'affaire et, de ce fait, dissuadé les plus hautes autorités de poursuivre leur opération. Il a été donc décidé que l'Inde ne vendrait pas son or et ensuite qu'il fallait prendre le taureau du développement par les cornes.
Manmohan Singh, alors ministre des Finances, allait en àªtre le maître d'œuvre en exécutant de manière magistrale la partition qu'il venait d'écrire. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Le pays est en plein développement, avec des performances qui feraient pâlir d'envie les pays développés. L'Inde connaît une solide croissance d'environ 8%. Mais c'est l'impact social attendu qui est aussi important. En ce sens, le niveau de pauvreté en Inde a chuté de plus de 7 points de pourcentage en 5 ans et concernait moins de 30% de la population de 1,2 milliard d'habitants en 2009-2010. Selon la Commission au plan, 29,8% de la population était considérée comme pauvre en 2009-2010, contre 37,2% en 2004-2005. Il est évident que cela ne doit pas faire oublier certaines lacunes dans le développement, mais l'Inde a déployé une approche globale que le chiffre de 8% de croissance ne rapporte pas en entier. Elle s'est effectivement fixé des objectifs en matière de lutte contre la pauvreté tout en ayant l'œil sur certains indices liés à l'état de la population. Il s'agit effectivement de réduire les trop grands écarts, avec une population – autant parler de familles ou de dynasties extrêmement riches – et le reste de la population qui vit dans la pauvreté et même l'extrême pauvreté.
L'intérêt s'est alors porté sur la classe moyenne, aujourd'hui bien visible et qui assume son nouveau statut. Ses dépenses reflètent bien son niveau de revenus. Elle compte environ 500 millions de personnes et elle ne fait que s'étendre. C'est elle qui est supposée porter l'Inde des toutes prochaines années, avec un niveau d'instruction élevé et surtout de nouvelles mentalités. C'est le pari des autorités indiennes, convaincues par ailleurs que leur pays ne sera pas la première puissance démographique mondiale, comme le prévoient des institutions régionales, et qu'en tout état de cause, la croissance démographique devra ralentir. A cela deux données : l'éducation des femmes qui permet de repousser l'âge du mariage et le nombre d'enfants par famille qui devrait lui aussi chuter, les nouveaux couples se montrant plus soucieux de leur confort et de la nécessité d'assurer celui de leurs enfants. Et encore, nous assurait-on, pas question de faire comme le voisin chinois et l'enfant unique, mais plutôt agir par la seule éducation qui permet aussi de changer des mentalités.
Cela est visible, les jeunes couples recherchant d'abord leur confort à travers l'acquisition de moyens de vie moderne et les loisirs. Les Indiens sont ainsi devenus de grands voyageurs, de moins en moins intéressés par l'émigration et de plus en plus portés sur la haute technologie. Leur pays le leur permet pour àªtre devenu une puissance dans les nouvelles technologies, y compris les plus fermées comme la conquête de l'espace. C'est cela l'Inde, sans discours, comptant sur ses seuls moyens. Un bel exemple de réussite.
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Posté Le : 21/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com