Algérie

Repère : Chapeau bas, coach Djamel Belmadi



Le sélectionneur national, Djamel Belmadi, a publiquement pris position en faveur du hirak à l'occasion de la conférence de presse qu'il a animée mardi au Centre technique à Sidi Moussa, en marge de la préparation du match amical Algérie-RD Congo, qui se déroulera ce soir à Blida.La presse a rapporté sa déclaration où il a dit : «Je ne comprends pas qu'on ne puisse pas répondre aux revendications de millions d'Algériens qui sortent chaque semaine pour manifester. Des revendications aussi légitimes doivent être prises en charge.» La déclaration de Djamel Belmadi tranche avec le profil bas qu'adoptent sur le sujet de nombreuses personnalités sportives depuis le déclenchement du hirak, le 22 février 2019.
Les propos du sélectionneur sont une prise de position franche et claire par rapport au hirak. Le mérite de son auteur est de l'avoir fait en pleine fonction de responsabilité à la tête de l'équipe nationale. Sa déclaration contraste avec le silence sidéral qu'observent les sportifs sur la question.
Depuis le 22 février dernier, aucun visage de proue du paysage sportif n'a signifié aussi clairement son soutien au mouvement populaire. Bien sûr, des sportifs participent au hirak, les mardis et vendredis, mais à titre anonyme. Djamel Belmadi a assumé son rôle, celui d'un sportif de haut niveau qui n'est pas resté insensible aux revendications légitimes de millions d'Algériens.
Mardi, il a rejoint le contingent des grands sportifs mondiaux qui ont eu le courage d'afficher leur position sur un sujet d'ordre politique.
Sans remonter à la nuit des temps, il y a lieu de citer les prises de position du boxeur américain Mohamed Ali, alias Cassus Clay, qui a ouvertement pris position contre la guerre au Vietnam, ce qui lui a valu une peine d'emprisonnement et la perte de son titre de champion du monde.
Le joueur chilien Carlos Humberto Caszely a refusé de serrer la main au général Augusto Pinochet, qui a renversé le président Salvador Allendé, démocratiquement élu au début des années 1970 et qui a été assassiné dans le bombardement du palais La Moneda.
Un footballeur italien a même tourné le dos à la Coupe du monde 1978, organisée par l'Argentine, «pour ne pas cautionner la dictature de Videla», avait-il indiqué dans une déclaration à la presse de son pays. Comme tout citoyen, un sportif a le droit d'avoir une opinion politique, de l'assumer, de l'afficher et de l'exprimer.
Djamel Belmadi a eu le courage de le faire savoir publiquement. C'est un acte qui l'honore. Les personnalités sportives algériennes ne se bousculent pas sur ce chapitre sensible de la politique.
Par leur posture, elles renvoient une mauvaise image du monde du sport. Tout citoyen, sportif qu'il soit ou non, a le devoir moral de se ranger derrière les causes justes, comme celles défendues par des millions d'Algériens depuis plus de huit mois. Chapeau bas, coach Djamel Belmadi !


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