Algérie

Repère : bataille pour le Nil International : les autres articles



Une totale discrétion a caractérisé la visite, il y a une semaine, du Premier ministre égyptien au Sud-Soudan. D'aucuns penseraient qu'en ces temps de crises multiples qui secouent l'Egypte, les affaires intérieures sont prioritaires. Alors, ne manque-t-on pas de se demander, si le déplacement de Hicham Quandil à Juba pouvait être différé ou bien alors en est-il une exception ' Sans le moindre jeu de mots, la réponse coule de source, l'essentiel étant cette fois la question des eaux du Nil qui touche à l'existence même de l'Egypte, un membre de la délégation accompagnant M. Quandil révélant même que cette visite pourrait déboucher sur des solutions au problème des eaux du Nil.
Il y a donc problème lié ou né de l'accord conclu le 14 mai 2010 par quatre pays (Ouganda, Ethiopie, Rwanda et Tanzanie) riverains du Nil en vue de revoir le partage de ses ressources hydrauliques, cela en l'absence de l'Egypte et du Soudan qui refusaient de participer à ces négociations qui ont tout de même duré dix longues années. «Nous regrettons l'absence annoncée et intentionnelle de nos frères d'Egypte et du Soudan», avait alors déclaré le ministre rwandais des Terres et de l'Eau, l'Ethiopie assurant pour sa part que «cet accord bénéficie à chacun d'entre nous et ne nuit à personne».
L'objectif est la création d'une commission qui sera chargée de gérer les projets d'irrigation, canaux et barrages sur toute la longueur du fleuve (6700 km). L'Egypte avait rejeté cet accord, son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, indiquant en outre que «les droits historiques de notre pays restent une ligne rouge», tandis que le ministre de l'Eau évoquait même le risque d'une guerre de l'eau et que son pays «se réserve le droit de prendre toute mesure». Elle n'aura pas le temps de le faire, le régime de l'époque sera emporté moins d'une année plus tard par une révolution. On se rappelle avec quelle solennité le régime égyptien menaçait dans les années 1970 de recourir aux armes pour faire face à cette perspective. Et on se rend compte à quel point la question de l'eau reste une préoccupation majeure.
Une question vitale, puisque l'Egypte reçoit du Nil 90% de ses ressources en eau en vertu d'un traité de partage des eaux datant de 1959, lui-même amendant l'accord conclu en 1929 et qui octroyait aussi aux Egyptiens un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d'affecter le débit du fleuve. Le Soudan voisin est également concerné et, lui aussi, a rejeté l'accord de 2010, craignant, tout comme l'Egypte, que son approvisionnement en eau ne soit drastiquement réduit, l'accord en question prévoyant de nombreux projets d'irrigation et de barrages hydroélectriques. De nouveaux besoins sont apparus et les pays en question entendent y faire face.
Ce qui cependant devrait être normal peut ne plus l'être si devait être pris en compte le jeu de puissances extra-africaines. Et comment ne le serait-il pas s'agissant d'Israël dont le ministre des Affaires étrangères avait effectué, en 2009, une visite fort remarquée en Ethiopie, en Ouganda et au Kenya signataires, une année plus tard, de l'accord sur les eaux du Nil. Le Caire y avait alors vu une «atteinte à la stabilité de l'Egypte», une «menace pour la sécurité nationale» ou encore un «développement dangereux». Comme pour les eaux de la région, Israël s'intéresserait à celles du Nil et depuis même fort longtemps, avant même sa propre création.
Un simple canal ferait alors l'affaire. Et quelle affaire, puisqu'il s'agit de couvrir les besoins d'Israël en eau. Si le recours à la force paraît exclu, ce qui n'est pas négligeable à l'heure où des guerres pour l'eau ne sont plus exclues, notamment au Proche-Orient, comment sera réglée cette question, l'Egypte ayant déjà fort à faire. Un peu plus et ce serait la catastrophe.


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