Repère

On le croyait dissous, et plus simplement disparu comme toutes ces constructions éphémères pour n'avoir pas pu ou voulu se donner les moyens de son action, mais le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) réapparaît par le biais d'un rapport. Un retour sur scène après une longue éclipse, et un bilan plutôt négatif. Au regard de son intitulé, sa mission telle que déclinée était réellement importante, car elle arrêtait des objectifs avec des délais précis.Comme pour l'Etat palestinien dont on disait alors en 2002 qu'il verrait le jour dans un délai de trois ans, soit en 2005. Cette mission a cependant suscité le doute à l'instant même où sa feuille de route a perdu sa pertinence. En cause, la politique d'occupation israélienne. D'aucuns croyaient que ce forum s'était substitué aux Nations unies, d'autres lui accordaient un préjugé favorable pensant qu'il allait surmonter tous les blocages. Revoilà donc le Quartette avec des recommandations et non pas un plan d'action.Ce forum informel a exhorté vendredi Israël et les Palestiniens à renoncer respectivement à la colonisation et à la violence qui minent, selon lui, les chances de paix et d'une solution à deux Etats. Exactement ce qu'il disait il y a une douzaine d'années quand Israël avait alors vidé de sa substance cette fameuse feuille de route avec ce qu'elle comportait comme mesures de confiance, principalement l'arrêt de la colonisation israélienne, avant qu'il ne soit question que de son gel.Mais il n'y a eu ni l'un ni l'autre, Israël ayant refusé de mettre fin à son occupation, avec son processus d'annexion des Territoires palestiniens. Aujourd'hui, cette question paraît relancée considérant que la solution à deux Etats est menacée, alors même qu'elle l'est depuis bien longtemps. «Cela soulève des questions légitimes sur les intentions à long terme d'Israël, qui sont exacerbées par les déclarations de certains ministres israéliens disant qu'il ne devrait jamais y avoir d'Etat palestinien», estime le rapport, alors même que le fait n'est pas nouveau, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son prédécesseur Ariel Sharon ont défait intégralement et systématiquement le processus d'Oslo conclu en 1993, et intensifié le processus de colonisation.L'un et l'autre annonçaient de nouvelles opérations en ce sens chaque fois que le Quartette envisageait une action. Leur refus opposé dès vendredi s'inscrit dans cette logique. Quant aux Palestiniens, ils considèrent que ce rapport «ne répond pas à (leurs) attentes en tant que pays vivant sous une occupation militaire coloniale étrangère», ajoutant qu'il «tente de mettre sur le même plan (...) un peuple sous occupation et un occupant militaire étranger». Depuis 2012, le drapeau palestinien flotte à l'ONU, l'Etat de Palestine reconnu par près de 200 pays y siège. C'est ce changement qui doit être pris en considération, estiment les Palestiniens.Parmi ses dix recommandations, le Quartette demande à Israël de lever le blocus sur Ghaza et appelle à la restauration du contrôle de l'Autorité palestinienne sur Ghaza, administrée par le Hamas depuis les élections de 2006, ce mouvement incarnant le rejet des Accords d'Oslo. Quant à la solution telle que portée par les résolutions des Nations unies, «le Quartette réitère qu'une solution négociée à deux Etats est la seule façon de parvenir à une paix durable», ce qu'Israël refuse obstinément, rejetant même la solution dite à un Etat, c'est-à-dire dans le cadre d'Israël.C'est ce statu quo que les Palestiniens ont brisé à travers, cette fois, l'implication du système des Nations unies dont ils sont, désormais, partie prenante. Et le monde le leur rend si bien à travers des campagnes contre l'occupation israélienne. Que peut donc le Quartette, mais entend-il se donner cette fois les moyens pour imposer la paix '