Pour certains, La Valette est la porte de l'Europe, mais elle rappelle un bien mauvais souvenir. C'est dans la capitale maltaise en effet que sont apparues, en 1997, les premières crispations à l'égard du processus euroméditerranéen, lancé deux années auparavant et dont l'existence prendra fin en 2005. La cause en est la libre circulation demandée par les pays de la rive Sud et rejetée par l'autre partie, laquelle déjà entendait faire assumer par les premiers, un contrôle des migrations.C'était après le lancement du processus de Shenghen et l'Europe, devenue une véritable citadelle, entendait impliquer les pays de la rive Sud dans le contrôle des flux migratoires. C'est depuis cette date d'ailleurs que se sont constitués sur le sol africain ces fameux centres de rétention jusque et y compris sur le sol libyen. El Gueddafi chassé du pouvoir et tué, la Libye est certainement devenue le terrain de jeu de passeurs qui engrangent des gains considérables dans l'acheminement vers l'Europe de milliers de migrants, en majorité africains.C'est à cette époque qu'est apparue la notion de «réadmission» pour parler du renvoi d'émigrants irréguliers. Quant aux spécialistes, ils considèrent l'arrivée massive de migrants dans l'Union européenne comme la crise de migration la plus grave en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. Certains n'en retiennent que ce flux migratoire sans s'interroger sur ses causes pourtant longuement mises en avant par tous les pays de la région.Ça ne va pas en Afrique et ce n'est pas un milliard d'euros ? une somme considérable a priori ? qui y aidera. Les Européens viennent de lancer un fonds pour aider l'Afrique à lutter contre les «causes profondes» des migrations, mais en fait comprend-on, cela consiste à freiner les arrivées d'Africains sur le vieux continent mais sans donner de raisons à ceux qui envisagent de le faire de ne pas recourir à l'émigration. Et sur ce plan, l'on ne peut dire que les populations africaines aient véritablement le choix. Il n'est pour cela que de fixer une carte du continent africain et de localiser les points de départ pour l'exil.Tous ou presque sont des zones de guerre et tous les conflits se déroulent dans des zones réputées riches en ressources naturelles. Avec des chefs de guerre, là où c'est plutôt calme ? tout est relatif ? certains dictateurs, aussi paradoxal que cela puisse paraître, sont bien vus de l'extérieur. Sur un autre plan, l'Afrique n'a pas pu assurer son décollage économique. Ses efforts ont même été contrariés et ses économies ruinées par une concurrence qui n'a rien de loyal, avec un système de quotas et de subventions fixés dans un cas par les puissances extérieures pour protéger leurs économies ; accordées dans le second cas pour que leurs économies demeurent compétitives.C'est l'Afrique qui perd. Et elle a beaucoup perdu avec des lois et des conventions décidées contre ses propres intérêts en dépit du discours ambiant. Et ce n'est pas tout, car c'est au moins un demi-siècle de rapports de cette nature qui ont fait de l'Afrique ce qu'elle est et non pas ce qu'elle aurait voulu être.A quoi et à qui servira ce milliard d'euros ' Eriger de nouvelles barricades ' L'idée n'a jamais été abandonnée mais cette fois, il s'agit à la fois de freiner les arrivées d'Africains en Europe et de renvoyer chez eux les migrants irréguliers, ce qui semble agacer de ce côté de la Méditerranée car, estime-t-on, les migrants africains ne sont pas les plus nombreux. Le problème semble encore une fois mal appréhendé. On ne naît pas migrant ou fugitif, on le devient. Simple question de survie. En ce sens, la situation actuelle, une véritable catastrophe, mériterait une tout autre approche.
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Posté Le : 19/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com