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Repère



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Ce qui se passe en Afrique du Sud est extrêmement grave pour qu'il soit fait appel à l'armée, les moyens dits conventionnels n'ayant donc pas suffi pour mettre fin aux troubles actuels, résultat d'une incroyable xénophobie. «L'armée est la dernière ligne de défense (...). L'armée va être utilisée comme force de dissuasion contre la criminalité que nous observons», soulignait mardi la ministre de la Défense.Elle en parle avec une approche toute particulière de cette crise ? criminalité, dit-elle ? une nouvelle, devrait-on rappeler, car des troubles de même nature avaient eu lieu en 2008, faisant 60 tués, devenant même récurrents. Une telle décision a été prise après que le Forum de la diaspora africaine, principale association d'immigrés africains dans le pays, ait lancé un appel en ce sens pour protéger les populations victimes de violences xénophobes.Comment les Sud-Africains sont-ils arrivés à une telle situation, alors même que leur pays qui a rejoint les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), ces pays émergents, affiche des performances remarquables ' Toute la question est là et la réponse, selon les spécialistes, tient en un seul mot, les inégalités, bien réelles et surtout encore plus importantes. Ou encore, ne cesse t-on de considérer, l'Afrique du Sud possède des indicateurs en phase avec les pays industrialisés alors même que l'écart entre classes s'est creusé au détriment des plus démunis.Une Afrique du Sud riche, mais pas pour tous, dit-on aussi, tant la richesse nationale est accaparée par une infime minorité. Plus de 40% de la population est pauvre et plus d'un million de familles vivent encore dans les bidonvilles. Pourtant, la fin de l'apartheid en 1994, immédiatement suivie de l'établissement d'institutions démocratiques, a alimenté l'espoir de passer d'un système d'exclusion et d'inégalités à un autre, inclusif et basé sur l'égalité. Et tout laisse croire qu'un tel résultat n'a pas été atteint. Les 10% les plus riches de la population possèdent 58% des richesses, tandis que les 10% les plus pauvres ne possèdent que 0,5%.Par ailleurs, l'Afrique du Sud a attiré des millions de travailleurs africains. Leur nombre oscillerait entre 2 et 5 millions, soit 3,7% à 9,4% de la population. Bien entendu, cette présence de travailleurs étrangers a alimenté des discours, surtout les plus xénophobes. Comme celui du chef traditionnel zoulou qui, fin mars dernier, estimait dans un discours que les étrangers, notamment illégaux, devaient «faire leurs bagages et retourner dans leurs pays».Le roi Goodwill Zwelithini a nié toutefois être à l'origine de ces violences, appelant à son tour au calme. Il s'était jusqu'à présent contenté d'un communiqué dans lequel il explique essentiellement qu'il avait été mal compris. Un discours qui a du mal à dissimuler la réalité, puisque ceux qui en sont victimes critiquent la persistance de la pauvreté et des inégalités. Réaction du chef de l'Etat sud-africain : «Ce ne sont pas tous les Sud-Africains qui disent que vous devez partir, mais une très petite minorité.»Bien entendu, un tel contexte aurait mérité une autre réponse qui concernerait principalement les Sud-Africains. Comment, en effet, envisager l'avenir en termes de répartition des richesses, d'éducation et de justice dans son sens le plus large puisque c'est de cela qu'il s'agit ' Le secrétaire général de la Chambre de commerce (Nafcoc) au Kwazulu-Natal rappelle ce que plus personne ne conteste : «On s'est occupé des libertés politiques, mais économiquement, on est encore très loin du compte. Il y a un grand fossé entre riches et pauvres.» C'est véritablement le cauchemar des Sud-Africains depuis la fin de l'apartheid et la question, aujourd'hui, est de savoir comment y mettre fin.




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