Algérie

Repère



Repère
Voilà trois mois que la population d'In Salah s'est soulevée comme un seul homme contre l'exploitation voire l'exploration du gaz de schiste. Trois mois, c'est pourtant largement suffisant pour trouver une issue à ce bras de fer. Or, le pouvoir s'arroche frénétiquement à son entreprise de forage qu'il a érigée au rang de question de souveraineté nationale?En quoi le gaz de schiste, dont la rentabilité économique est très discutable même à moyen terme, selon les experts, renforcerait ou menacerait-il la souveraineté nationale ' Il va falloir que les porte-voix du pouvoir nous expliquent ce lien qui sent trop le populisme. Il serait vraiment grave si notre souveraineté nationale tenait uniquement à ce gaz qui pollue l'atmosphère à In Salah depuis trois mois.D'autant plus que l'Algérie est avant tout un pays pétro-gazier qui figure bien dans le top 10 des pays producteurs. Pourquoi alors les autorités s'entêtent à poursuivre cette aventure, trop coûteuse socialement et financièrement, du gaz de schiste alors même qu'elle suscite réprobation et rejet ailleurs ' N'est-ce pas une bêtise de vouloir opérer un passage en force 'Il y a manifestement une panne d'imagination en haut lieu. Ou alors nos responsables se sont «grillés» par des engagements écrits avec les multinationales en vertu desquels ils ne peuvent plus faire marche arrière. Il n'est guère rassurant de savoir que c'est la firme américaine Halliburton, dirigée entre 1995 et 2000 par l'ex-faucon de la Maison-Blanche, Dick Cheney, qui opère à In Salah. Ayant consenti d'énormes investissements pour développer la technique très controversée de la fracturation hydraulique, elle ne se fera pas prier pour facturer à prix d'or ses prestations à In Salah.Evidemment, nos responsables, qui ont failli vendre le sous-sol national via la loi scélérate sur les hydrocarbures de 2005, n'oseront pas nous dire la vérité sur les sous et les dessous de ce soudain grand amour pour le gaz de schiste. Chakib Khelil, qui avait mis au point cette loi antinationale et aussi donné des marchés juteux à la société mixte BRC, détenue par Sonatrach et Halliburton, coule des jours heureux chez lui, aux States.Ne serait-ce que pour ces sulfureux rappels, nos concitoyens d'In Salah et tous les Algériens ont toutes les raisons du monde d'afficher leur méfiance vis-à-vis des dommages collatéraux du gaz de schiste sur l'environnement. Entendre le président de la République nous expliquer «doctement» que le gaz de schiste «est un don de Dieu» inquiète plus qu'il ne rassure.Quelle trouvaille, en effet ! Plus sérieusement, personne n'a soupçonné le gouvernement Sellal d'avoir «fabriqué» ce gaz à In Salah. Mais ce propos a priori simpliste de Bouteflika cache mal une détermination à ne pas céder quoi qu'il en coûte, contrairement aux belles assurances de son Premier ministre. La reprise des affrontements entre les manifestants et la gendarmerie à In Salah en est la meilleure preuve. La «main de l'étranger» pourrait bien exister dans cette affaire. Mais pas forcément là où on l'imagine?




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