Le gouvernement, qui peine à convaincre les investisseurs étrangers ? comme en témoigne le niveau insignifiant des investissements directs étrangers (IDE) hors hydrocarbures et le recul sur la règle des 49/51% ? n'a pas mesuré l'impact ravageur de la saillie décidée contre certains titres de la presse privée. Déjà que l'Algérie ne dispose pas d'atouts sérieux en termes d'avantages comparatifs par rapport à d'autres économies concurrentes, en dehors du marché de la consommation couvert essentiellement par les importations, le retour en force des vieux démons du dirigisme, du tout-Etat dans la gestion du pays, n'est certainement pas pour rassurer autant les investisseurs étrangers que les patrons privés nationaux.L'ingérence des pouvoirs publics, voire du politique, dans la gestion du marché publicitaire tant public que privé national et étranger, au mépris des lois sur l'économie du marché, n'est pas un cas isolé pour croire à un dérapage incontrôlé imputable à un ministre de la Communication venu à ce poste pour solder des comptes personnels avec une corporation où il a toujours évolué sur le banc de touche. La bureaucratie paralysante, qui est une arme politique redoutable entre les mains de l'Exécutif qui s'en sert comme «régulateur» économique et sociale, a eu raison de beaucoup de chefs d'entreprises algériens auxquels on ne pourrait pas faire pourtant l'injure d'avoir agi par défaut de patriotisme dont les accuse la presse proche du pouvoir.Nombre d'entre eux, qui ont fait leurs preuves en Algérie en relevant le défi de la compétitivité, créant des milliers emplois malgré les entraves et les pressions de toutes natures auxquels ils sont confrontés, s'en vont, pour ceux qui n'ont pas baissé rideau, mettre leur savoir-faire et leurs capitaux à l'étranger, où l'on reconnaît leur compétence et où on leur accorde des facilitations et des égards qu'ils n'ont pas chez eux. En baisse, le dernier indice de confiance du Forum des chefs d'entreprises (FCE) qui évalue le climat des affaires en Algérie, traduit le décalage abyssal existant entre le discours politique appelant à la mobilisation de toutes les potentialités nationales et la réalité sur le terrain.Le tollé suscité dans le secteur de la presse par les nouvelles règles non écrites de la gestion du marché publicitaire édictées par l'Exécutif est symptomatique du rôle prééminent de l'Etat dans la sphère économique, exercé de manière sournoise et à des fins de chantage politique, au mépris des lois sur l'économie de marché. Pour préserver leurs parts de marché ou, tout simplement, pour survivre et se prémunir contre les représailles annoncées à mots à peine couverts par le ministre de la Communication, les opérateurs économiques nationaux et étrangers qui avaient choisi certains supports pour leur publicité ? sur la base d'études d'impact et non pas sur des critères de prétendues connivences politiques ? sont placés devant un choix difficile : composer avec le pouvoir ou disparaître.Il n'y a même pas de place pour un compromis possible pour sauver les apparences tant le message du ministre de la Communication, qui se fait l'avocat général d'une sentence décidée dans les cabinets noirs du système, est chargé de menaces à peine voilées contre ceux qui n'appliqueraient pas à la lettre cette fatwa. Pourtant, au milieu du climat d'adversité et de chantage économique exercé sur les entreprises, il s'en trouve encore, fort heureusement, des opérateurs publics ? peu nombreux il est vrai ? et privés nationaux et étrangers à refuser le diktat des pouvoirs publics sur la gestion de leurs plans médias. Ils continuent, guidés par le bon sens économique, en acceptant d'assumer tous les risques, à placer leur publicité là où ils considèrent qu'ils y trouvent leur intérêt, se moquant des donneurs d'ordre et des pressions.
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Posté Le : 09/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com