Algérie

Repère



Repère
Quinze ans après avoir déclaré qu'il n'aimait pas cette Constitution (celle de 1996), Abdelaziz Bouteflika s'apprête à faire encore une énième révision constitutionnelle après avoir revu l'essentiel en décembre 2008 pour perpétuer, indéfiniment, son pouvoir en levant le verrou de la limitation des mandats présidentiels.S'il n'y avait pas eu cet amendement de l'article 74 de la Loi fondamentale de 1996, l'Algérie aurait connu un autre président de la République, et en élira un autre dans cinq ans. Il y aurait eu tout simplement ce qu'on appelle en démocratie une alternance pacifique au pouvoir. C'est un président donc qui a révisé la Constitution, rien que pour garantir une présidence à vie, et qui s'est présenté à l'élection présidentielle du 17 avril dernier, organisée dans des conditions le moins que l'on puisse dire loin des standards démocratiques, en étant sérieusement handicapé par la maladie, qui projette d'élaborer «une Constitution consensuelle». Et c'est Ahmed Ouyahia, ancien chef de gouvernement, qui ne peut en aucun cas se targuer d'être l'homme qui peut faire le consensus, qui est en charge de mener les consultations avec la classe politique à partir du mois de juin prochain.Quelle teneur sera donnée à cet énième processus de «dialogue» autour de la révision constitutionnelle que l'opposition, la Coordination nationale pour les libertés (CLTD), et le «pôle du changement» mené par l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Ali Benflis, rejettent ' Des consultations similaires ont été menées, il y a deux ans, par le président du Conseil de la nation (Sénat), Abdelkader Bensalah, sans qu'elles aient abouti, alors même qu'elles avaient capté à l'époque l'intérêt de certains pans de l'opposition et de certaines personnalités politiques nationales.Ne se perdant pas donc en conjectures en cherchant à savoir pourquoi le cycle d'échanges et de discussions intervenant dans un contexte explosif dans le monde arabe n'avait rien produit, sinon une commission qui a travaillé dans le vide, puisqu'on n'a pas tenu compte de ces propositions. Qu'on ne se méprenne pas, l'unique objectif que le pouvoir en place a réussi, c'est de gagner du temps, se perpétuer et se maintenir ; il vient de le faire. Abdelaziz Bouteflika et son clan sont encore au pouvoir mais entament quand même le quatrième mandat au milieu d'une vive contestation et des préjugés très défavorables.D'aucuns savent désormais que le locataire d'El Mouradia et ses soutiens ne sont mus que par l'obsession de pouvoir. Et maintenant que le passage en force est fait, reste la cruciale question de la succession qui se posera à un moment ou un autre. Hormis cette problématique que le régime est appelé inexorablement à résoudre, l'on ne le voit pas enclin à organiser lui-même son propre départ, à travers, comme le revendique une partie de l'opposition, une transition démocratique. Si telle était son intention, il l'aurait fait en accédant, avant l'élection présidentielle du 17 avril, aux revendications de la classe politique qui avait exigé une commission indépendante pour l'organisation de la compétition électorale.Vu sous cet angle, et il n'y en a pas d'autre d'ailleurs, le pouvoir bien installé dans sa logique ne peut ainsi mettre en place les conditions de sa propre «faillite». Après avoir échoué à se donner un brin de légitimité suite à la mascarade du 17 avril, en appelant à un gouvernement d'«union nationale», il tentera de remettre ça à travers un simulacre de dialogue avec sa clientèle habituelle, puisque l'opposition semble partie pour rejeter son offre. Qu'à cela ne tienne, les discussions autour du projet de révision de la Constitution qui s'annoncent, avec comme modérateur Ahmed Ouyahia, ne seront cependant pas tenues, comme le présentent certains, pour meubler un bilan, mais une étape importante pour les tenants du pouvoir qui devraient trouver un second souffle dans un quatrième mandat livré à l'incertitude. C'est là que la révision constitutionnelle projetée revêt tout son sens.




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