Algérie

Repère



Repère
Ce serait donc une «demande populaire» qui a poussé Bouteflika à briguer un quatrième mandat malgré son handicap physique et moteur. C'est ce que donne comme explication le Président dans sa récente lettre, car conscient que sa candidature peut paraître illégale si l'on se réfère à la loi, ou même immorale. Dans l'esprit de Bouteflika, la vox populi est au dessus de tous les principes universels. Il ne peut donc se soustraire à l'appel du peuple. C'est ce que Bouteflika suppose.A ce propos, Bouteflika nous rappelle un chanteur (on ne le cite pas) qui se prenait pour une grande star adulée par un nombreux public. Lors d'un gala à la salle Harcha, à Alger, dans les années 1980, il s'est produit sur scène juste avant le «king» du raï, cheb Khaled. Après quelques minutes, le public impatient commence à huer le chanteur, l'appelant à céder la place au «king». Le chanteur fait semblant de ne pas comprendre. Il se trémousse au son de la musique et se transforme en une bête de scène digne des plus grandes stars internationales.Le chanteur reprend une autre chanson de son répertoire. Le jeune public entre dans une grande fureur. Les insultent fusent au milieu des sifflets. Le chanteur jette sa veste de scène pleine de paillettes dorées au public. Le public n'en veut pas et la lui rend toute déchirée. Il a fallu l'intervention des organisateurs du gala qui, de derrière les rideaux, faisaient des gestes au chef d'orchestre pour mettre fin à cette situation burlesque.Dans ce même ordre d'idées, Bouteflika pense qu'il est aimé de son peuple, se prévalant peut-être de son élection à trois reprises à la magistrature suprême, et ce, dès le premier tour. Le président-candidat feint d'ignorer que les résultats des trois élections présidentielles sont entachés de graves irrégularités. D'ailleurs, Bouteflika, désarçonné par le retrait des autres candidats, avait exigé des «décideurs» en avril 1999 de lui donner un taux de réussite suffisant, sinon il rentrait chez lui. Il obtiendra un «bon» 73% ; puis plus de 80% en 2004 et un 90,2% en 2009. Malgré une très forte abstention, les taux de participation aux trois rendez-vous électoraux ont été exagérément gonflés. Le seul scrutin présidentiel où les Algériennes et les Algériens se sont rendus en masse aux urnes, c'était en 1995, lors de l'élection au premier tour de Liamine Zeroual.Le système a imposé l'élection de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. C'est la conviction profonde de l'opinion publique nationale. La majorité des Algériennes et des Algériens, qui ne sont absolument pas dupes, se sont résignés à accepter un fait accompli. Mais voir un homme très affaibli, qui arrive à peine à articuler une phrase et veut s'accrocher à son fauteuil de président est une image trop dégradante pour être acceptée. Elle constitue même une insulte à l'intelligence humaine et un affront aux institutions de la République. Quelque chose s'est déréglé dans les rouages des «décideurs» qui a permis ce passage en force d'un homme qui a plus besoin de repos et de soins appropriés que de briguer un autre mandat, qu'il devra de toute façon assumer par procuration. Ceux qui s'apprêtent à exercer le pouvoir présidentiel promettent déjà de sévir contre tous ceux qui se sont opposés au quatrième mandat de Bouteflika.




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