Les vigiles et les caïds de l?établissement se chargent de faire durer le plaisir en rajoutant leur grain de sel, en maltraitant les gens et en les réprimandant. Seuls les amis et les proches avaient droit au chapitre. C?est le règne de la pénurie. Les consommateurs gardent en mémoire, le favoritisme de nombreux commerçants et épiciers qui, du haut de l?arrogance, toisent les clients en les forçant à quémander humblement un produit rare sur le marché. Fort heureusement, le spectre de cette vilénie a disparu. Ses effets évaporés. Quel est donc le secret de cette métamorphose ? Il suffit d?une timide ouverture sur le marché extérieur et d?un petit vent de concurrence soufflant d?ailleurs, pour que l?impudence perde de sa superbe, l?hégémonisme et le passage obligé battent de l?aile. Les « fourches caudines » n?impressionnent plus. L?angoisse d?une rupture de stocks dissipée, le micmac n?opère plus. Les négociants, dans leur quasi-majorité, affichent profils bas. Ils exhibent leurs marchandises de peur d?une insupportable mévente. Les producteurs cherchent à écouler leurs produits. Buvez mon soda, dégustez mon couscous, profitez de mon café, son arôme est délicieux, utilisez ma lessive, elle vous garantira une blancheur immaculée. Tant de sollicitude nous émeut. Tant de gentillesse nous désarçonne. On vous promet de décrocher la timbale, de toucher la cagnotte, à coups de tombolas, de jeux et autres stratagèmes puisés dans le vaste répertoire des techniques de séduction. Le consommateur retrouve une réhabilitation que l?on croyait perdue à jamais. On le courtise avec une assiduité qui en dit long sur ce changement de mentalité. Qu?en sera-t-il dans dix ou quinze ans ? Je confesse que ce repentir me réjouit le c?ur. Il montre que les eaux frelatées du monopole peuvent être balayées par un torrent salvateur, qui taille en pièces, l?esprit de suffisance et de mépris. Pourvu que ça dure !
Posté Le : 05/08/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com