Algérie

Repenser l'UMA



Un bilan du fonctionnement de l’Union du Maghreb arabe (UMA) est un impératif. Si l’on devait tenir compte de ce qui a été fait et quels en ont été les axes essentiels, un tel bilan aurait dû être fait il y a bien longtemps, avant que cet ensemble ne soit réduit à l’inaction du fait d’un seul pays. Il s’agit du Maroc qui avait demandé, en décembre 1995, la suspension des activités de l’UMA, ce qui avait été refusé par les autres membres. Puisque tel est le cas, puisque toute la logique développée par ce pays avait été alors rejetée, pourquoi un tel arrêt et même, avant cela, un fonctionnement qui aurait dû être autre ' Dans un contexte international marqué par des ensembles régionaux de plus en plus forts, à même d’influencer les relations internationales, les pays maghrébins se sont eux aussi engagés dans cette voie. L’on se mettait alors à identifier et énumérer les atouts fort nombreux de ce nouvel ensemble, mais jusqu’à son dernier sommet en 1994, on sentait que l’UMA était mal engagée, les perceptions des uns n’étant pas toujours celles des autres. Les sommets maghrébins ont très rarement fait le tour de table en termes de niveau de participation, un indice révélateur de l’intérêt qui lui était accordé. Dès 1992, le Maroc envisageait déjà une «coopération verticale» (donc avec l’Europe), souhaitant même rejoindre cet ensemble avant qu’il ne lui soit rappelé qu’il n’en avait pas vocation. Voilà ce qu’écrit un analyste marocain à propos de l’UMA et de l’offre du CCG : «Après avoir longtemps attendu et épuisé toutes les voies de recours pour que le projet maghrébin prenne sa vitesse de croisière, mais devant le constat que ce projet n’a toujours pas démarré vingt ans après sa naissance et que les frontières avec son voisin algérien sont toujours fermées depuis 1994, le Maroc n’est-il pas en droit de chercher ses partenaires ailleurs que dans le Maghreb arabe, qui n’a rien fait pour l’aider à parachever son intégrité '» On en retiendra d’abord ce délai de vingt années durant lequel l’UMA n’a pas réussi son décollage. S’est-on demandé pourquoi ' Ensuite, ce reproche fait aux membres de l’UMA de ne pas avoir reconnu l’occupation du Sahara occidental par le Maroc. La question, à supposer qu’elle ait opposé un jour le Maroc et l’Algérie, ce qui n’a jamais été le cas de l’aveu même des plus hautes autorités marocaines, a été posée à tous les membres de l’UMA en 2002, lors d’une session ministérielle où il a été répondu que les frontières marocaines, telles que reconnues par l’ONU, n’ont jamais été menacées. En déclarant solennellement que le conflit du Sahara occidental n’opposait pas leur pays à l’Algérie, les Marocains ont permis le lancement de l’UMA. Pour l’histoire, ce conflit est intervenu bien avant la création de l’UMA et ne pouvait bloquer le fonctionnement de la nouvelle union pour la simple raison que le Maroc était en négociation avec le Front Polisario. Au plan législatif, se rappelle-t-on du nombre de conventions liant les cinq pays membres et celles effectivement mises en œuvre ' Au bout de cinq années d’existence, seuls les textes organisant les échanges commerciaux, exempts de taxes bien entendu, étaient votés et appliqués avec une vision très équivoque, des pays étant considérés comme des marchés ou des débouchés pour des populations au chômage. Ou encore, l’UMA était perçue comme un simple business, amenant l’Algérie à exiger le certificat d’origine pour des produits fabriqués ailleurs que sur le sol maghrébin. La belle affaire, l’UMA permettant une exemption de taxes ! D’où la nécessité de procéder, sans la moindre complaisance, à un état des lieux. Faire en sorte que cet ensemble échappe à toutes les contingences politiques et aussi aux calculs les plus étroits. Repenser donc l’UMA.


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