La réparation des téléphones portables, une pratique, un métier en vogue « ici chez nous ». On ne fabrique pas les portables, certes, mais on les répare.
Si au tout début, il y a une dizaine d’années, quand les portables n’étaient pas encore à la portée du tout-venant, il n’existait qu’un seul « réparateur » — dont, hélas, on n’a pas retrouvé la trace — à Oran, aujourd’hui, ces « techniciens » sont légion. L’Algérien, connu pour sa « débrouille », n’a pas, en effet, attendu longtemps pour s’investir « réparateur de portables »… sans jamais avoir suivi de formation dans cette spécialité inexistante, d’ailleurs, au pays. Tous les réparateurs attitrés que nous avons rencontrés et qui sont, d’ailleurs, très connus sur la place, avouent s’être formés sur le tas. Connaisseurs en électronique, anciens réparateurs de postes radio ou de télévision, bricoleurs…le génie au bout des ongles… ils n’ont pas hésité à ausculter cette formidable machine et à la décortiquer pour en connaître tous les secrets. « Réparer un portable : c’est pas sorcier ! » On a dépassé le stade du simple décodage des appareils bloqués. « C’étaient des portables qu’on ramenait au pays, ils étaient codés et nous parvenions presque toujours à les décoder », lance fièrement Hamid, 25 ans, qui précise que, des fois, il fallait trouver le site de la boîte de fabrication sur le net. « Sur le site, la fiche technique du portable, il suffit de bien savoir consulter. » Pour la réparation proprement dite, ce n’est pas sorcier non plus. D’abord détecter la panne et repérer le composant défaillant, pour ensuite en prélever la même en bon état sur un appareil identique ou d’une série compatible. Aussi simple que ça ! « Quand je ne parvenais pas à me procurer la pièce endommagée, je disais tout simplement à mon client que je ne pouvais pas réparer son portable », explique Kader, la trentaine presque, qui, lui, ne dispose pas de local et pratique à domicile. « Aucune formation. Tout jeune, j’étais fasciné par les appareils de toutes sortes et à chaque fois que j’avais l’occasion, je les démontais par curiosité puis les remonter. » Avec les portables, c’est la même chose. Quand ils coûtaient encore très cher, les « besnassa » ramenaient de vieux appareils qu’ils écoulaient entre 2000 et 3000 DA, des « startak » ou « haba talkiwalki » qui, très souvent, fonctionnaient à peine quelques jours. « C’était de l’arnaque mais pour moi, c’était une occasion de rêve. Je parvenais à dépanner quelques-uns. » Depuis, les choses ont évolué, les portables ont investi le marché algérien et les « réparateurs » se sont multipliés en s’adaptant à la nouvelle demande. C’est un marché florissant.
Réparateur : un métier qui rapporte
La plus petite intervention coûte de 600 à 800 DA. On a commencé à importer des carcasses, des claviers, des afficheurs… des « interventions » à la va-vite. De la broutille comparativement aux défaillances des composants internes de l’appareil introuvables sur le marché algérien et pas faciles à se procurer. Il y a cependant certaines pièces qu’on est parvenu à remplacer par des moyens de fortune. Houari, un autre « technicien » sans formation, n’hésite pas à parler d’une de ses bricoles : une trouvaille ! « Dans les portables, il y a une petite pièce faite d’une matière qui ressemble à du caoutchouc et qui s’use rapidement. Quand elle est usée, je la remplace par un petit morceau découpé dans une gomme d’écolier et ça marche. »
On vend et on répare aussi
Actuellement, la plupart des vendeurs de portables, ayant pignon sur rue, « recèlent », dans leur arrière-boutique, un réparateur. La réparation n’étant pas mentionnée sur la devanture. L’un d’eux nous apprendra qu’il se procure ces composants sur commande par le biais de certains importateurs. « Cependant, dira-t-il, les pièces des portables de la dernière génération coûtent très cher et on préfère ne pas réparer ce type de portable. » La pratique de ce nouveau métier se trouve, depuis peu de temps, facilitée par un nouvel apport technologique dont se sont munis ces réparateurs installés. Un appareil, une sorte de détecteur de défauts, qui coûte environ trois millions de centimes. « Vous flashez le portable et l’appareil vous indique la panne », nous dira le jeune Mehdi, un génie, lui, dans la manipulation de toutes sortes d’appareils électroniques. « Réparateur de portables », une éclosion, un marché juteux en perpétuel essor… et une adaptation qui démontre, encore une fois, que ce n’est pas le potentiel humain qui manque « ici chez nous ». C’est aussi un métier d’avenir, une spécialité à laquelle devraient, en principe, penser les chargés de la formation professionnelle.
Posté Le : 11/09/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : M. Milagh
Source : www.elwatan.com