Algérie

Réorganisation des visites dans les hôpitaux : Les contraintes d’une circulaire



Préalablement non appliquées sur le terrain, les directives du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) émises en juin 2006 concernant l’interdiction d’introduire la literie et l’alimentation dans les établissements sanitaires sont finalement en voie de l’être, par effet de transitivité, pouvons-nous affirmer, suite à la dernière circulaire de Amar Tou, limitant le nombre de visites aux malades à une seule par jour, entre 13h 30 et 15h.

En effet, en consacrant une seule tranche horaire pour les visites, le MSPRH tente, ainsi, de dissuader les proches des personnes hospitalisées d’apporter le repas d’autant que l’unique visite autorisée est fixée à 13h30, ce qui contraint de nombreux malades à se rabattre sur la nourriture proposée par les structures hospitalières. Partant, depuis sa mise en vigueur, cette circulaire a tôt fait de déplaire fortement aux malades ainsi qu’à leurs familles surtout que les uns comme les autres n’ont pas manqué de relever, à cet effet, « l’insuffisance des prestations offertes », notamment la qualité de l’alimentation proposée dans les hôpitaux, précisément au sein du CHU Benbadis de Constantine. Craignant des répercussions négatives sur la santé de certains malades lourds, nécessitant une prise en charge et une attention permanente, des citoyens nous ont fait part, à ce titre, de leurs inquiétudes d’autant qu’habituellement ces malades, dépendants d’autrui, sont pris en charge par les membres de leurs familles qui leur font la toilette, les habillent ou les alimentent. Des gestes quotidiens et indispensables qui doivent normalement être effectués par le personnel qualifié pour ces tâches. Or, avant que Amar Tou décide d’instaurer une certaine discipline au sein des hôpitaux, le personnel en question est souvent resté en marge, laissant le soin à la famille de s’occuper du malade. D’où les appréhensions au demeurant légitimes des citoyens surtout que « ces derniers ont raison », estime, à ce sujet, le Dr Zermane, directeur du CHUC. Reconnaissant l’existence de problèmes liés justement à la prise en charge des malades lourds, notre interlocuteur a affirmé que « cela devrait être réglé avec le temps, impliquant un travail de sensibilisation du personnel. La circulaire du ministre va nous obliger à améliorer nos prestations et pour cela tout le monde doit être à cheval. L’élément humain est très important pour faire aboutir les réformes ». De l’avis du premier responsable de cet établissement, « la circulaire du ministre a mis à nu les carences existant au niveau des services. A présent, les chefs de service sont mis devant leurs responsabilités. Les moyens existent certes, mais il est nécessaire que les gens adhèrent, car le côté humain est incontournable ». Pour d’aucuns, c’est la « démission » de « l’élément humain », depuis de nombreuses années, qui a contraint les familles des malades à investir les hôpitaux et à « usurper » la fonction du personnel paramédical et autres. Une habitude induite par une nécessité qu’il s’agit aujourd’hui de s’en défaire, en résolvant les « contraintes objectives résultant de la circulaire, et par voie de conséquence, des instructions de juin 2006 », soutient le DG du CHU Benbadis. Concernant le problème de l’alimentation, soulevé par les citoyens et les malades eux-mêmes, le Dr Zermane a promis que ses services allaient mettre le paquet pour améliorer la qualité des repas, par l’acquisition de nouveaux équipements.Fixé il y a quelques mois à 110 DA, le prix du repas journalier (petit-déjeuner, déjeuner, dîner) est passé dernièrement à 150 DA /jour, « sans que la qualité soit améliorée pour autant », de l’avis de certains malades. Cela étant, les équipements ne remplaceront pas « l’élément humain », puisque le CHUC a surtout besoin d’un cuisinier professionnel.


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