Le poisson parviendra-t-il à supplanter dans les assiettes des Algériens
le poulet, viande actuellement la moins chère sur le marché ?
C'est, en tout cas, un des objectifs du ministère de la Pêche et des
Ressources halieutiques qui veut frapper fort, avec le ministère du commerce,
au niveau des poissonneries pour ramener le prix du poisson à des proportions
acceptables. Pour cela, les deux ministères ont procédé, hier dimanche, à
l'installation d'un groupe de travail conjoint chargé de la régulation des
poissonneries et pêcheries. Ce groupe de travail, composé de cadres des deux
ministères, est chargé d'évaluer l'état des poissonneries et de régler les
problèmes qui bloquent leur fonctionnement. Ce groupe «étudiera les moyens à
même d'assurer une bonne gestion des poissonneries et proposera des mécanismes
innovants pour la gestion de ces espaces», a indiqué M. Mustapha Benbada. Le
ministre du Commerce, cité par l'APS, a précisé que «le ministère de la Pêche a
tant investi dans ce domaine au titre de l'ancien programme quinquennal à
travers la création d'un réseau de poissonneries et de pêcheries spécialisées
dans la vente en gros». «Des propositions concrètes visant l'amélioration des
conditions de réception et de commercialisation des produits halieutiques, dans
le respect des conditions commerciales, notamment celles liées aux prix»,
seront présentées par ce même groupe de travail, selon le ministre du Commerce.
Pour le ministre de la Pêche M. Khanafou, il s'agit surtout de mettre un terme
à l'anarchie qui prévaut actuellement au niveau des 11 pêcheries réparties à
travers le territoire national. «Nous voulons, à travers (un nouveau cadre
juridique) réguler la commercialisation des produits halieutiques en vue de
conférer davantage de transparence au secteur où les opérateurs activent sans
cahier des charges», affirme le ministre. Le secteur de la pêche en Algérie
reste, de l'avis des professionnels, miné par de nombreux problèmes autant
organisationnels que techniques. «La filière n'est pas bien organisée, et le
poisson souvent est vendu avant d'être pêché», estime un proche de ce secteur
dans la ville côtière de Ténès, dans la wilaya de Chlef. Pour beaucoup, le
secteur a besoin d'un effet salvateur pour augmenter sa plus-value économique,
améliorer la production et proposer des prix réguliers toute l'année. A l'hiver
dernier, la sardine se négociait à plus de 400 dinars certains jours, sa
moyenne au cours du 1er trimestre était de 250-300 dinars le kg. Pour le
poisson noble, comme le pageot, rouget, mérou, daurade, pagre, l'ombrine ou le
sériole, les prix ne descendent jamais en dessous des 450 DA/kg. Bon an, mal
an, la production halieutique nationale approche en moyenne les 187.000 tonnes
et peut aller jusqu'à 220.000 tonnes les «bonnes années». Mais elle reste en
deçà des objectifs tracés par les pouvoirs publics pour porter à au moins 8-10
kg de poisson consommé par an par chaque Algérien. Certes, un programme devant
permettre la production de quelque 274.000 tonnes de poisons a été mis en place
par le ministère de tutelle depuis l'année 2.000. Intitulé «Plan d'orientation
du développement des activités halieutiques et d'aquaculture», ce programme a
comme objectif la valorisation des ressources halieutiques, tant maritime que
continentale, pour atteindre, à l'orée 2025, une production d'environ 221.000
tonnes pour la pêche maritime et 53.000 tonnes pour la pêche continentale à
travers les différents projets d'aquaculture. Un projet ambitieux mais qui,
selon les spécialistes, n'a pas encore atteint ses objectifs : selon un récent
bilan du syndicat national des marins pêcheurs, seuls 25% des ressources
halieutiques disponibles sont exploités. Si les fonds marins algériens recèlent
une importante biomasse, il n'en demeure pas moins que le problème est que les
chaluts vont toujours aux mêmes cales depuis près d'un siècle. Le poisson,
voire même la sardine, le poisson du pauvre, est devenu, en attendant la
concrétisation des projets du ministère de la Pêche, «un produit alimentaire de
luxe» en Algérie, et le taux de consommation, selon les exigences de
l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),
reste très bas, avec seulement 5,5 kg/habitant/an.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 28/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com