Algérie

Rentrée sociale: Le crédit à la consommation, les tabliers et le week-end



Le nouveau week-end, les crédits à la consommation et la couleur des tabliers semblent marquer une rentrée sociale où le relèvement du SNMG est toujours en attente d'une hypothétique tripartite.

 Les crédits à la consommation ont donc été interdits parce qu'ils ne servaient pas la production nationale. S'ils ont été des centaines de millions à avoir été octroyés, ces crédits à la consommation renflouaient une production, des emplois et une fiscalité qui ne sont pas nationaux en faisant courir en plus, le risque d'un surendettement des ménages. Ce sont les raisons évoquées par le ministre des Finances hier, sur les ondes de la radio, pour justifier la suppression des crédits à la consommation. Ce qui pourrait sous-entendre que ces crédits ne sont possibles que s'ils étaient déboursés pour l'achat de produits nationaux. «Normalement», entendons-nous répondre du côté du ministère des Finances à la question si les ménages pourraient aujourd'hui prétendre à des crédits lorsqu'ils consomment national.

 Le secrétaire général de l'UGTA compte d'ailleurs l'inclure comme point à débattre dans la prochaine tripartite. Sidi Saïd nous avait dit pendant le Ramadhan que «les crédits doivent servir à acheter algérien et qu'au lieu d'avoir permis aux étrangers de venir vendre leurs voitures chez nous, on aurait dû permettre à Sonacome d'en importer et d'en vendre, elle se serait bien maintenue financièrement.» Sidi Saïd a évoqué ici une société qui a été fragmentée voire émiettée sous le coup de décisions irréfléchies et avec la bénédiction de l'UGTA. Son SG qui, aujourd'hui bien fatigué, peine à arracher une date pour tenir une tripartite que les bruissements relatifs à un changement de gouvernement rendent problématique. «On ne sait pas si le président accepterait comme cadeau à ce gouvernement une tripartite par laquelle il entérinera une augmentation du SNMG», s'interrogent de hauts cadres.

 C'est un peu comme certaines dispositions de la loi de finances complémentaires pour 2009 qui ne s'accordent ni en temps ni en nombre avec ce qui est proposé localement à la consommation. En effet, si la tendance du gouvernement est aujourd'hui de vouloir inverser la vapeur en faveur de la production nationale, il est difficile de croire qu'il en sera ainsi rapidement quand les privés crient à la déstabilisation financière et qu'à ce jour, le sort des entreprises à privatiser, tout secteur et tout gabarit confondus, n'est pas tranché. Fait paradoxal d'ailleurs, l'Etat continue de les couver tout en les laissant à l'abandon. Temmar voulait appeler les plus grosses de ces entreprises «les champions de l'industrie» mais Ouyahia, alors chef du gouvernement, lui avait coupé l'herbe sous les pieds en lui faisant savoir par voie radiophonique, faut-il le rappeler, qu'il avait travaillé pour rien, sa stratégie industrielle n'ayant pas été adoptée par le Conseil des ministres.



Echos d'auditions



 L'on ne saura pas si durant son audition par le président de la République, le ministre de l'Industrie a expliqué ou pas le pourquoi du comment de cette perte de temps, d'énergie et d'argent, à avoir voulu confectionner une stratégie de relance de l'industrie pour n'en être pas une aux yeux d'Ahmed Ouyahia.

 Les quelques bribes des auditions qui ont franchi les murs du palais d'El Mouradia ont laissé entendre que le courant ne passait pas trop entre le président de la République et son Premier ministre qu'il rabroué souvent. Il en aurait été ainsi par exemple quand Bouteflika avait entendu son ministre de l'Environnement et du Tourisme, Chérif Rahmani. C'était, dit-on, au sujet des villes nouvelles que Rahmani a toujours promis de créer. Le président aurait fait remarquer à son ministre qu'il en a parlé mais n'en a créé aucune. Bouteflika aurait lâché juste un «passons» quand le Premier ministre avait, dit-on, voulu en expliquer les raisons. L'on susurre ainsi que Ouyahia n'est pas en odeur de sainteté avec le chef de l'Etat. L'a-t-il été un jour ? sommes-nous tentés d'interroger.

 Bien qu'il a décidé de faire sa rentrée à l'extérieur du pays, le président a dû se rendre compte que celle nationale a été faite autour de la couleur d'un tablier que son ministre de l'Education a voulu ressemblant à la layette. Du rose pour les filles et du bleu pour les garçons, comme au bon vieux temps.



Les tabliers de Benbouzid, encore et toujours



 Hier, une maman nous a fait part de ses inquiétudes parce qu'elle avait acheté un tablier rose, manches courtes, «qui coûte cher en plus» à sa fille mais le directeur de l'établissement lui a exigé un tablier aux manches longues. Benbouzid veut être jusqu'au-boutiste à propos d'un choix qu'il se plaît à qualifier de critère d'équité entre les riches et les pauvres, le relevé d'émoluments des parents ne pouvant faire foi dans ce cas. A défaut de la juguler, le ministre de l'Education a préféré cacher la misère par une étoffe. Il s'aligne sur ses pairs ministres pour tourner le dos à un fléau - la pauvreté - qui n'est pas aussi invisible que le gouvernement veut le faire croire. Son collègue des Affaires religieuses est allé en effet, jusqu'à nier l'existence des pauvres.

 Mais celui de la Solidarité nationale a tenu à en nuancer la situation. «On n'a pas de pauvres mais on a des démunis (...)», avait-il déclaré. L'ultime question qui aurait dû lui être posée, c'est d'expliquer la différence entre un pauvre et un démuni. L'inexistence de pauvres, Ould Abbas l'a montré par des images d'une caméra qui filmait quelques rues d'Alger vides à l'heure du F'tour ramadhanesque. Pour lui, les rues vides signifient que «les gens sont où chez eux ou alors aux restos de la rahma.» L'évidence, c'est comme le ridicule, elle ne tue personne.

 Amar Ghoul se serait, pour sa part, fait taper sur les doigts lors de son audition pour avoir supervisé la construction d'une autoroute «étroite, serpentante et gondolante.» Aux dernières nouvelles, les tronçons livrés par les entreprises nationales ne ressemblent en rien à celles construites par les sociétés étrangères.

 Le gouvernement vient de décréter l'heure de l'apprentissage pour les Algériens à coups de décisions dont il n'a pas réfléchi la faisabilité. Le ministre du Travail a été instruit pour les mettre au temps universel en leur accordant un nouveau week-end. S'il est appelé semi-universel par Louh, ce week-end a été complètement «retourné» pour devenir un week-end à l'envers. C'est bien ainsi qu'il est désigné dans certaines institutions dont les responsables ont signé une note instruisant leurs cadres de travailler le samedi après-midi. Ouyahia a fait mieux en ordonnant aux cadres du Premier ministère de venir travailler toute la journée du samedi. «Deux jours de repos, c'est trop !», aurait-il dit. Ses ministres ont eu un retour d'écho de ses propos et veulent le copier. «On nous a déjà fait savoir qu'on ne va pas se reposer deux jours entiers et qu'on va travailler le samedi», nous disait hier des cadres de ministères.




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