Algérie

Rentrée sociale : le changement, c'est pour une autre fois



Rentrée sociale : le changement, c'est pour une autre fois
C'est l'éternelle antienne. Annoncée régulièrement à partir de la dernière décade du mois d'août, la rentrée sociale et tout ce qu'elle augurait comme tumultes fait dorénavant partie de l'ambiance générale et surtout du lexique de deux acteurs essentiels de la société civile : les syndicats et les médias. Ces derniers, s'il s'en trouve, ne constituent finalement qu'un relais dicté en réalité par bien d'autres considérations qui n'ont notamment rien à voir avec le souci d'informer parce qu'éloignées de la déontologie et de l'éthique, quoique la majorité des titres revendiquent allègrement à hauteur de leurs frontons ces deux principes comme marque de fabrique.
Depuis 1990 et la mesure intempestive d'un pouvoir, pris de court par une déflagration sociale qu'il n'a pas vu venir, de mise en place de réformes systémiques, fondamentales telles que l'avènement de la presse pluraliste, la création de partis politiques, le pluralisme syndical, entraînait par concomitance celui (avènement) d'un nouveau lexique qu'induisait obligatoirement la modification du paysage socioéconomique et la disqualification de toutes les règles jusque-là établies, précipitant de fait dans une obsolescence prévisible tous les mécanismes régissant le fonctionnement d'une société dorénavant réputée anachronique. Liberté, indépendance, démocratie autorisaient à partir de cet instant tout'la démesure, voire les excès.Seul, donc, le désordre né de cet événement sociétal n'aura été retenu en tant que marqueur constant chez les acteurs évoqués lesquels, à mesure que le temps passait, l'expurgeront de sa dimension sociale pour en faire un épouvantail de circonstance saisonnièrement agité d'une année l'autre sans qu'en réalité rien ne change, le quotidien des Algériens poursuivant ordinairement son cours. Le mois de septembre de cette année ne différera des autres que par l'absence d'un gouvernement réduit en raison de la présence d'une demi-douzaine d'intérimaires, dont la seule particularité est qu'ils assument une double charge. L'habitude a été définitivement prise, du moins pour ceux qui en font un abcès de fixation, de se diriger vers la rentrée sociale comme d'autres vont vers quelque chose de matériel, concret alors que tout n'est finalement que virtualité. Il suffirait de faire le constat des vingt dernières années pour en saisir la triste réalité. Il y aura eu autant de rentrées sociales annoncées comme incertaines, agitées, porteuses des plus grands dangers que de mois de septembre moroses que rejoignent octobre, novembre, décembre, etc. Des mois, il est vrai, au cours desquels tout ne va pas comme chacun le souhaiterait mais des mois qui, hélas ou heureusement c'est selon le bord duquel se situent les acteurs qui en sont les Cassandre, passent malgré tout pour laisser place à une incertitude à laquelle tout le peuple s'est habitué. Le changement ce n'est très certainement pas maintenant. La morale d'une rentrée sociale à l'algérienne est : est-il possible d'y aller quand il existe presque autant de syndicats que de travailleurs, que le plus «puissant» d'entre eux est un affidé du pouvoir, que parmi ceux qui restent, une multitude est minée par la division sinon ne dispose d'aucune stratégie réelle à même d'imposer un changement aussi minime soit-il, alors qu'en face des patrons à la tête d'organisations pourtant aux pieds d'argile s'arcboutent sur leurs positions au mépris de la morale et des lois de la République, n'arrêtent pas de s'enrichir sans contribuer à un minimum de création de richesse parce qu'entretenant de bons rapports avec le gouvernement et l'Union générale des travailleurs algériens.Elle est sans doute incertaine la rentrée sociale de cette année s'il plaît à d'aucuns d'insister sur ce point précis. Elle ne sera toutefois pas différente des autres et rendez-vous est d'ores et déjà pris pour celle de 2013.
A. L.


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