Algérie

Rentrée scolaire : Les fausses assurances de Benbouzid



Les enseignants auxquels le ministre a adressé, hier, un message à  partir de Tindouf, les appelant à  «faire preuve d'esprit responsable» et leur promettant l'aboutissement de leurs doléances «au courant de l'année scolaire», ne semblent pas prêter crédit «à l'effet d'annonce de Benbouzid». L'enseignant est toujours perdu entre sa quête de donner le meilleur de lui-même à  ses élèves et le souci de boucler des fins de mois difficiles avec la flambée des prix des produits de large consommation. Face aux «inégalités salariales – en comparaison avec les salaires des autres secteurs – les enseignants sont décidés de faire de cette année, celle de la poursuite de la lutte pour protéger leurs acquis et améliorer leurs conditions de vie. Il est donc attendu une année scolaire des plus houleuses avec les grèves et autres actions de protestation annoncées avant même la rentrée. Des mesures ont été prises pour «la promotion des conditions de scolarisation à  même de permettre de meilleures performances pédagogiques», mais le résultat demeure incertain : la plus importante mesure prise cette année est celle liée à  l'allègement du volume horaire pour les élèves du cycle primaire. «Nous sommes maintenant appelés à  faire les nounous, après 14h30», ironise un enseignant du primaire, affilié à  l'Unpef. En décrétant la fin des cours à  14h30 avec la possibilité pour l'élève de rester en classe jusqu'à 16h, le ministre a-t-il pensé à  combler ce temps ' Un enseignant du primaire est-il qualifié pour dispenser des cours d'animation et de sport ' Les enseignants du primaire critiquent cette mesure prise par la tutelle, puisqu'elle n'allège en rien leur charge à  eux. «Les profs font toujours 31 heures par semaine au lieu des 21 promises par Benbouzid», tient à  souligner un autre employé du secteur.
Les parents d'élèves, qui n'arrivent toujours pas à  cerner toutes les nouveautés, redoutent les retombées sur le rendement de leurs enfants. «Je crains que tout cela ne dégénère sur une pression à  la fin de l'année. Nous avons déjà fait l'expérience avec l'allègement du programme et c'était un fiasco. Qu'on arrête de prendre nos enfants pour des cobayes», clame une dame, dont la fille est en première année moyenne. Quant aux chiffres annoncés par M. Benbouzid concernant le transport scolaire et les cantines, les parents désabusés disent qu'il n'y a rien de tout cela. Les parents d'élèves des régions rurales et suburbaines sont les premiers à  souffrir de l'éloignement des établissements scolaires des lieux de résidence. «Le ministère fonctionne toujours avec la mentalité stigmatisant la femme, lui léguant toujours le statut de femme au foyer, sinon comment expliquez-vous que l'on n'a pas pensé à  généraliser les cantines scolaires ' La maman est-elle censée àªtre à  la maison à  l'heure du déjeuner '» interroge un père de famille. Au-delà des préparatifs matériels qui laissent à  désirer, l'on constate le fait que des établissements scolaires qui devraient àªtre achevés ne sont toujours pas réceptionnés. «De qui se moque-t-on ' Le ministre parle de la généralisation de l'informatique alors que des élèves ne trouvent même pas de chaise. Et en hiver, des parents ont dû mettre la main à  la poche pour le chauffage '» s'insurge un parent d'élève de Aïn Taya. Les inquiétudes sont aussi exprimées concernant l'enseignement des langues étrangères. Le ministre a lui-même été alarmant concernant le nombre effarant des élèves dispensés des cours de français et de l'anglais pour manque d'encadrement. «Jusqu'à quand les pressions idéologiques prendront-elles le dessus sur les exigences scientifiques et pédagogiques '» s'inquiète-t-on également.
 


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