Algérie

Rentrée



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Dans plusieurs établissements scolaires, il n'y a eu ni vente de livres, ni distribution de la prime pour les enfants démunis, encore moins d'inscription pour les élèves retardataires et la réception de leurs frais d'inscription.La grève des intendants a «paralysé» plusieurs démarches administratives depuis lundi, deuxième jour de la rentrée scolaire. Cette situation risquera encore de perdurer puisque l'Union nationale du personnel d'éducation et de la formation (Unpef), initiatrice de cette grève, menace de recourir à un mouvement de protestation ouvert. En plus de ce blocage lors des premiers jours de la rentrée, plusieurs problèmes ont également été soulevés par les élèves et leurs parents. Il y a d'abord le problème du manque d'enseignants, puisque plusieurs d'entre eux ayant terminé leur formation suite à leur admission au concours de recrutement n'ont pas pu avoir leur affectation en tant que professeurs stagiaires. «Ce sont les services de la Fonction publique qui bloquent», affirment nos sources.Conséquence : plusieurs classes se retrouvent sans professeur. Même si dans certaines wilayas la démarche est déjà close, certains enseignants refusent d'accepter leur affectation et demandent à être rapprochés de leur lieu de résidence, à l'exemple de quelques enseignantes dans la wilaya de Djelfa ou ailleurs dans le Sud. «Non seulement nous n'avons pas de transport du personnel, je suis affectée à plus de 200 km de mon lieu de résidence», dénonce une enseignante à Djelfa, alors que d'autres ne comprennent pas pourquoi le directeur de l'éducation s'oppose aux demandes de transfert administratif. Ensuite vient la surcharge des classes. Certaines familles relogées pendant l'été à Alger dénoncent le retard dans l'ouverture de nouvelles écoles.Cantine«Des élèves se retrouvent sans classe et sont obligés d'être dirigés vers des écoles dans de mauvaises conditions, surtout qu'il n'y a toujours pas de ramassage scolaire», dénonce un groupe de parents d'élèves. Et même si les élèves font un effort pour se déplacer ailleurs en compagnie d'un des parents, ces derniers sont obligés de s'absenter de leur travail pour assurer le déjeuner à leurs enfants. Les cantines dans certaines écoles ne sont pas encore fonctionnelles. «L'opération de relogement n'a pas été soigneusement étudiée. L'aspect éducatif n'a pas été pris en considération», dénonce encore le directeur d'un collège.Certaines écoles, à l'exemple de celles d'Alger-ouest, sont tellement surchargées qu'elles n'accueillent les enfants que pour deux heures ! C'est en classe de terminale que la surcharge est particulièrement ressentie avec plus de 40 élèves. Une situation causée par l'arrivée de deux générations de la réforme à ce niveau. Les directeurs d'établissement ont-ils mal géré la situation ' Dans certaines écoles, il n'existe même pas de directeur. Et si certains sont installés, ils réclament leur logement de fonction, toujours occupé par d'anciens responsables, affirme notre source. Toujours dans une commune de Djelfa, des enseignants ont refusé d'entamer les cours en signe de protestation contre les travaux encore non achevés à l'intérieur des établissements. Reste enfin la problématique du cartable lourd : les solutions proposées par le ministère n'ont toujours pas vu le jour.»A Oran, les corps communs, les oubliés de la rentréeIls sont près de 5000 et contribuent eux aussi pleinement au bon fonctionnement des établissements scolaires. Ce sont les corps communs et les ouvriers professionnels, dont les effectifs demandent néanmoins à être doublés pour une gestion optimale du secteur de l'Education. En attendant, alors qu'ils sont les moins bien payés, ils se retrouvent en majorité à cumuler les fonctions et les charges de travail. C'est le constat de Mohamed Bekhedda, chargé de l'organique à l'échelle nationale et de la coordination régionale ouest du Syndicat des corps communs et des ouvriers professionnels (SNCC).Particulièrement active à Oran, cette organisation agréée depuis janvier 2013 n'a toujours pas eu d'autorisation d'installer des sections syndicales. «Nous avons beaucoup bataillé depuis 2007, allant jusqu'à plaider notre cause auprès du Bureau international du travail (BIT), pour avoir notre agrément qui nous permettra de défendre cette tranche de travailleurs du secteur de l'Education», indique le même cadre syndical qui parle d'aberrations et d'injustices flagrantes subies par beaucoup d'employés. Les exemples ne manquent pas. On n'enregistre souvent qu'un seul veilleur de nuit par établissement, et de qui on exige de ne pas dormir toute la nuit. Sans récupération, au bout de quelques jours, le rythme s'avère insoutenable.Pour les agents de nettoyage, la charge de travail est telle qu'ils se retrouvent dans l'obligation d'effectuer le triple de la tâche exigée par la norme, c'est-à-dire pas plus de six locaux par jour. «Dans tous les cas de figure, nous sommes arrivés à la conclusion que les effectifs doivent être doublés pour éviter les surcharges, mais ce n'est malheureusement pas le cas encore cette année», explique-t-on à ce sujet. Avant 2008, date de la réforme, le recrutement des employés entrant dans cette catégorie était laissé à l'appréciation des chefs d'établissement, mais depuis tout a été centralisé à la direction de l'Education.«Les ouvriers professionnels qui sont censés s'occuper des travaux d'entretien sont parfois utilisés pour effectuer des travaux qui, normalement, devaient être confiés à une entreprise spécialisée», explique le même représentant des travailleurs qui soulève aussi le problème des agents d'accueil, des agents administratifs, mais surtout des contractuels qui sont en proie à la menace de non-renouvellement du contrat, ce qui restreint leur marge de man?uvre pour revendiquer leurs droits. Seuls deux nouveaux lycées ont été réceptionnés pour cette rentrée, sachant que le palier du secondaire, précisément les classes de terminale, va enregistrer des sureffectifs dus à l'arrivée de la vague engendrée par la réforme de 2008. Les surcharges des classes concerneront notamment la zone est d'Oran, avec la réalisation des groupements urbains et les relogements relativement massifs qui ne sont pas toujours accompagnés d'infrastructures adéquates. Ghardaïa : Rentrée boycottéeDimanche dernier, les parents d'élèves d'environ douze établissements scolaires, tous paliers confondus, situés en majorité dans la zone nord de Ghardaïa, ont boycotté la rentrée. Cette initiative a été motivée en grande partie, à en croire Younès Balaadis, le président de l'association des parents d'élèves de l'établissement primaire de Cheikh Saïd Karbouche, «par les dépassements jugés racistes de certains enseignants, y compris certains personnels vis-à-vis de leurs enfants.» Une marche pacifique a été organisée ce mardi vers le siège de la wilaya par les parents boycotteurs. Ils n'ont pas été reçus par le wali qui a, au nom d'un agenda surchargé, refusé de les recevoir.Les protestataires ont pu rencontrer le P/APW, qui leur a répondu : «La tutelle est mal informée de tout ce qui s'est passé dans cette wilaya.» Une plateforme de revendications a été remise au P/APW, parmi lesquelles la sanction de tous les fonctionnaires ayant commis des dépassements vis-à-vis les élèves, l'amélioration des conditions de scolarité des élèves, de la formation des encadreurs, l'intégration de tous les enseignants ayant pris en charge l'accomplissement du cursus scolaire. Le directeur de l'éducation de la wilaya, Azzedine Djillani, promet que «les lois de la République seront les mêmes pour tout le monde, et toute personne voulant porter atteinte à l'unité nationale sera châtiée par la loi.» Il a assuré la volonté et la disponibilité de son département à offrir tous les moyens nécessaires au bon déroulement de la scolarité dans la wilaya. Déficit en infrastructures scolaires à ChlefLa nouvelle année scolaire s'annonce particulièrement compliquée dans les nouvelles cités d'habitation inaugurées récemment au chef-lieu de wilaya. Le problème se pose avec plus d'acuité dans les trois agglomérations de Chlef et de Chettia, qui abritent plus de 14 000 familles. Le wali de Chlef a été interpellé par des parents d'élèves de la nouvelle ville d'El Hassania, sur le problème de la surcharge des classes, dans la mesure où les établissements comptent plus de 50 élèves par classe. Cette situation est due au manque d'équipements scolaires, selon un responsable. Selon lui, il n'y a pas eu assez de nouvelles structures éducatives pour faire face à la demande sans cesse croissante. Il attribue cela au fait que les services en charge du logement et des infrastructures scolaires ne se coordonnent pas entre eux. Notre source citera à titre d'exemple la décision prise précipitamment, ces derniers temps, de transférer 400 familles d'El Guelaftia vers la nouvelle cité de Chorfa, sans en aviser la direction de l'Education.M'sila : Les parents terrorisés par le trajet scolaire à Hammam DalaâMême s'il n'existe pas de statistiques sur le nombre d'écoliers victimes d'accidents sur le chemin de l'école, leur nombre est tel que les parents sont pris de panique à la seule pensée que leurs enfants partent seuls à l'école. Marame, 6 ans, pleine de vie dans sa belle robe rose, alourdie par un sac à dos faisant office de cartable, qui fait deux fois son volume, s'apprête à parcourir ce périlleux chemin qui a coûté la vie à sa jeune tante, Saliha (âgée de 9 ans) heurtée par un véhicule sur ce même chemin il y a de cela quelques années. Les centaines d'enfants des quartiers El Bassatine et Barada risquent tous les jours leur vie pour rejoindre les deux écoles du centre-ville, l'école 114 et l'école du stade, implantées dans l'inextricable Hammam Dalaâ.Les parents restent sans voix devant l'autisme des autorités locales. Cette situation aurait pu être atténuée, selon certains responsables, si le maire avait opté pour la construction de l'école primaire dans le quartier El Bassatine, au lieu du quartier Boukerra, où une extension de l'école primaire aurait amplement suffi. Mais d'autres considérations avaient prévalu, a ajouté Saïd Brahimi, ex-maire de Hammam Dalaâ.En plus de ce problème d'insécurité, le déficit chronique en matière d'encadrement, aussi bien des anciens établissements (4 CEM sont dépourvus de directeur pour la seule commune de Beni Ilmane) que les nouveaux, à l'instar des 7 nouveaux lycées réceptionnés ces jours-ci, où aucun responsable n'a été désigné. D'autres éléments viennent grever cette rentrée scolaire, notamment le sureffectif au niveau de certaines communes qui ont subi les effets de l'exode, du fait du terrorisme qui a sévi à grande échelle dans cette wilaya, où pas moins de 55 écoles demeurent fermées jusqu'à ce jour.




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