Regroupant des écologistes, des botanistes, des professeurs et enseignants que le devenir des espaces verts à Biskra ne laisse pas indifférents, et qui militent depuis des années pour que les jardins publics historiques de la Reine des Ziban bénéficient de véritables plans de rénovation pour les sauver de l’état de décrépitude dans lequel ils sont et pour la vulgarisation d’une culture environnementale au sein des couches populaires, l’association Biskra la verte dénonce fermement les travaux entrepris actuellement au jardin public du 5 Juillet 1962, communément appelé «J’nen Beylek», situé au centre-ville.
Initié par la direction de l’environnement pour une enveloppe budgétaire de 3,2 milliards de centimes, ce projet de réhabilitation du plus prestigieux des jardins publics de Biskra est «une catastrophe écologique ne répondant aucunement aux besoins et aux attentes de la population et des visiteurs de tous horizons», pointe Mohamed Hayouni, président de ladite association.
Relevant que le cahier des charges concernant ce plan comporte plusieurs aberrations et anomalies, mettant en danger «J’nen Beylek», avec lequel les habitants de Biskra entretiennent un rapport sentimental particulier, notre interlocuteur précise que la réalisation d’une aire de jeux, alors que le jardin en possède déjà une, est inutile et que les candélabres, les bancs publics, les panneaux imprimés, un jet d’eau et des toilettes publiques en voie d’être installés vont dénaturer le lieu.
«Il aurait mieux fallu penser à un aménagement forestier confié à des spécialistes pour mettre un terme au développement des espèces végétales invasives, telles que l’Albizia, et créer une pépinière de quelque 400 espèces rustiques, exotiques et endémiques que recèle ce jardin. Ce soi-disant plan de rénovation signe la mort programmée de ce poumon de Biskra», ajoute-t-il sans ambages.
«Au lieu de remplacer les plantes et les arbres séculaires comme les rosiers, les galants de nuit, les ficus décora, l’hibiscus rosa, les pittosporums, les bougainvilliers, les chamaerops humilis, la lavande, le lierre, les cyprès et les eucalyptus odorants et adaptés au climat local, les concepteurs de ce plan prévoient la plantation de 5.000 plants de Lantana, qui est un arbuste développant des fleurs malodorantes attirant les mouches nécrophages», renchérit Nabil Mouada, vice-président de l’association, tandis que Ahmed Abdenasser Hanine, chargé de la gestion financière de l’association, rappelle que le ciment est le premier ennemi des plantes et que les dizaines de carrés et de planches qui vont être aménagés avec cette matière nocive pour les végétaux vont détruire le charme ancestral de ce jardin.
«Nous voulons retrouver notre jardin d’antan, où retraités, couples, enfants et amoureux de la nature venaient passer d’agréables moments, se détendre et y voir et entendre une multitude d’oiseaux nichés dans les arbres sous un climat paradisiaque. Il faut rénover en priorité le réseau d’irrigation qui constituait un véritable système de vascularisation du jardin faisant que l’eau coulait et gazouillait dans les seguias et que les plantes offraient des parfums et des odeurs et une beauté inoubliables aux visiteurs et gens de passage à Biskra», confie-t-il la mort dans l’âme pour le sort réservé à J’nen Beylek.
Photo: Déjà, le ciment est considéré comme étant le premier ennemi des plantes
Hafedh Moussaoui
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Posté Le : 30/04/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com du samedi 28 avril 2018