Algérie

Renouvellement de la détention provisoire de six détenus



«La mesure d'instruction exigée par les juges dans ces affaires est injustifiée, la décision de prolonger les mandats de dépôt l'est tout autant», soutient l'avocate et députée Fetta Sadat.Acharnement. Le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) a décidé de renouveler le mandat de dépôt de six détenus d'opinion, pour une période supplémentaire de 4 mois. «La juge d'instruction de la 11e chambre près le tribunal de Sidi M'hamed a pris l'ordonnance de renouvellement des mandats de dépôt des détenus arrêtés le 21 juin pour port de l'emblème amazigh.
La décision a été prise le 8 octobre, mais elle prend effet à partir du 23 octobre, date d'expiration du premier mandat. Cela confirme que les détenus du drapeau sont des otages», s'offusque Me Sadat, députée. La décision concerne six détenus, parmi lesquels Messaoud Leftissi et Bilel Bacha, militants engagés dans le mouvement populaire.
Les détenus ont été interpellés par la police le 23 juin dernier et poursuivis pour «atteinte à l'unité nationale» (art. 79 du code pénal).
Pour Me Sadat, rien ne justifie cette mesure dans une affaire qui repose sur des dossiers «vides», d'autant plus que pour les mêmes faits des tribunaux ont prononcé la libération des personnes arrêtées et la restitution de l'objet du délit, l'emblème amazigh. «Sur le plan légal, la mesure de renouvellement des mandats est normale. Le code de procédure pénale le permet en effet pour les peines dépassant trois ans.
Pour les cas des détenus d'opinion, les peines prévues vont d'un à dix ans. Mais nous devons nous placer sur le registre politique d'une décision arbitraire. La mesure d'instruction exigée par les juges dans ces affaires est injustifiée, la décision de prolonger les mandats de dépôt l'est tout aussi», soutient l'avocate.
Grève de la faim
La décision de la juge de la 11e chambre du tribunal aura un effet : les détenus ont annoncé leur intention d'entrer en grève de la faim si les mandats sont renouvelés.
Une vingtaine de personnes ont été arrêtées le vendredi 21 juin. Présentées devant les juges des tribunaux de Sidi M'hamed et Bab El Oued, elles ont été placées sous mandats de dépôt pour «port du drapeau amazigh de nature à porter atteinte à l'unité nationale».
La réaction de la police et de la justice fait suite aux déclarations du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui a dénoncé, dans un discours, les «tentatives d'infiltration des marches populaires, au cours desquelles des drapeaux autres que l'emblème national sont brandis par d'infimes minorités», précisant que «des ordres et instructions fermes ont été donnés aux forces de sécurité afin de faire respecter strictement les lois en vigueur et de faire face aux individus qui essayent d'attenter à nouveau aux sentiments des Algériens».
La mesure de renouvellement des mandats de dépôt risque concerner les autres détenus. «La tendance sera, je le crains, à la généralisation de cette mesure aux autres détenus», signale Me Sadat.
? Boumala et Samir Benlarbi placés en isolement
Des détenus d'opinion ont été mis en isolement à la maison d'arrêt d'El Harrach. L'information a été révélée par Me Belamri Yasser, qui l'a eue d'un des détenus qui a été contraint à cette mesure de sécurité. «C'est Amroud Ridha qui m'a informé de la mise en isolement de neuf détenus. J'ai pu confirmer l'information avec une source à l'intérieur de la prison.
Les personnes en question subissent une torture morale. Ils sont entre quatre murs et n'entrent pas en contact avec les autres détenus», précise Me Belamri. Parmi les détenus mis en isolement figurent, précise-t-il, Fodil Boumala et Samir Belarbi, militants en vue du mouvement populaire.
L'avocat affirme ignorer les raisons de l'application de cette mesure à ces détenus. «La mesure s'applique quand il y a un jugement définitif et pour les cas graves. Le collectif de défense, qui se réunira le 17 octobre, va soulever la question en sollicitant le directeur de la prison?», indique l'avocat.
Signalons que Karim Tabbou, coordinateur de l'Union démocratique et sociale (UDS), a été placé en isolement et dans le couloir réservé aux condamnés à mort à la prison de Koléa. La décision de l'administration pénitentiaire a soulevé l'indignation de l'opinion publique. N. Id.


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