Algérie

Renforcer la surveillance et la prévention



Seul un pays sur trois, représentant un tiers de la population mondiale, surveille la consommation de tabac chez les jeunes et les adultes, en conduisant des enquêtes représentatives au niveau national au moins tous les cinq ans. Pourtant, elle constitue l'une des dispositions primordiales de la convention- cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, qui peine à être mise en place.Les données recueillies lors de ces enquêtes pour en déduire la prévalence demeurent instantanées ont expliqué, hier, les épidémiologistes, lors d'une rencontre de sensibilisation et d'information au profit des journalistes à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale antitabac, d'où l'intérêt d'une surveillance régulière à travers des bulletins épidémiologiques. «La prévalence n'a pas une grande signification dans la mesure où cette image est instantanée. Elle peut être modifiée dans le temps et dans l'espace.
Il est plus intéressant de maintenir cette surveillance de manière régulière», a noté le Pr Rosa Belkaid, du service d'épidémiologie au CHU de Beni Messous. Elle a justement déploré l'absence de ces mécanismes de surveillance en Algérie, pour tenter d'évaluer ce fléau qu'est le tabagisme, pour manque de financement. Le Fonds cancer, alimenté par les taxes sur le tabac (2 DA par paquet de cigarettes, dont la charge fiscale est estimée entre 65 à 70% par paquet), pourrait être désormais une source de financement pour assurer une surveillance régulière de la consommation du tabac dans toutes les wilayas du pays, a proposé le Dr Terfani, directeur chargé des maladies non transmissibles au ministère de la Santé, après avoir présenté les différentes actions engagées au plan réglementaire dans la lutte antitabac.
Le Dr Samira Touami, qui est revenue sur les résultats des principales études et enquêtes réalisées dans le milieu scolaire (13-15 ans, chez les jeunes et les adultes (18-69 ans), a montré que la prévalence du tabagisme est assez importante et a évolué vers la hausse durant ces dernières années.
Elle est plus importante chez les hommes et l'âge moyen de début de la consommation est de 10 ans. Il a été donc montré que la prévalence du tabac à fumer chez les jeunes de 13-15 ans est de 9,2% pour les deux sexes (enquête GYTS 2013) et elle est de 16,5% pour les 18-69 ans, selon l'enquête nationale sur le poids des facteurs de risque des maladies non transmissibles (step wise 2017) avec un gradient homme/femme important (32% vs 0,4%). Selon les résultats de l'étude, la durée moyenne de consommation de tabac à fumer est de 18,3 ans.
Pour ce qui est du servage, 60,3% de répondants ont déclaré avoir essayé d'arrêter de fumer durant les 12 derniers mois ayant précédé l'enquête. La prévalence du tabac sans fumée est de 8,5% chez les 18-69 ans. Le Dr Touami a souligné que la durée moyenne de début de consommation est de 17 ans et 40% de cette population fume en moyenne un paquet de cigarettes par jour. L'exposition au tabac, le tabagisme passif qui entraîne de graves maladies et qui cause la mort subite du nourrisson, est très importante, puisque 30,5% de la population interrogée dans cette enquête step wise 2017 affirment être exposés à la fumée du tabac au domicile et 35,6% le sont sur les lieux de travail.
Cette fumée dégagée est plus toxique que celle qui est avalée, a indiqué le Pr Fissah, chef de service de pneumologie au Chu de Bab El Oued. «Le tabagisme passif est certainement cancérogène», a-t-elle souligné, tout en relevant que la chicha «est plus dangereuse que la cigarette». Et de rappeler que les conséquences du tabagisme sont dramatiques sur l'appareil respiratoire, notamment les maladies respiratoires chroniques (BPCO), les cancers, etc.


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