Algérie

Renégociation de l'Accord d'association: Un commissaire de l'UE dépêché à Alger



L'Algérie veut reprendre la mise et rediscuter de beaucoup de choses sur l'Accord d'association qui la lie avec l'Union européenne. L'Algérie veut renégocier cet accord, entré en application en 2005 et paraphé en 2002 à Valence (Espagne).

 C'est le ministre du Commerce, M.Hachemi Djaaboub, qui est revenu sur cette question, jeudi, en annonçant aux journalistes, en marge d'une session plénière de l'APN, qu'Alger va «plaider pour la révision de l'Accord d'association avec l'Union européenne». La question sera discutée, selon le ministre du Commerce, lors du 5ème Conseil d'association Algérie-UE, prévu le 15 juin à Bruxelles. Il a notamment affirmé que «nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons demander la révision des clauses de l'Accord d'association avec l'UE pour qu'elles soient plus équitables entre l'Algérie d'une part et les Etats membres de l'UE d'autre part». M.Djaaboub ajoutera que «nous avons constaté des anomalies et des imperfections dans l'application de cet Accord. Chaque secteur a donc présenté son rapport sur cette mise en Å“uvre au ministre des Affaires étrangères, qui portera ces documents à Bruxelles». Selon des experts qui suivent ce dossier, l'Algérie «se mord les doigts d'avoir ratifié très vite un accord qui favorise les PME européennes exportatrices, au détriment des PME algériennes, ainsi que l'ouverture tous azimuts du marché algérien, hors secteur agricole». Le démantèlement tarifaire et les facilités d'exportations octroyées aux PME de la zone euro «ont joué en défaveur de l'économie algérienne qui, fatalement, est la grande perdante», estime un expert. Selon le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, le différentiel commercial entre Alger et Bruxelles est de 2 milliards d'euros en faveur des PME de l'Euro-zone. Pis, les exportations de l'UE vers l'Algérie ont explosé depuis l'application de cet accord en 2005 : elles sont passées de 11,2 milliards de dollars (8 Mds d'euros) en 2005 à 20,8 Mds de dollars en 2008 (14 Mds d'euros), soit une hausse de 80 %. De son côté, le négociateur en chef des questions multilatérales au sein du ministère du Commerce, M.Chérif Zaaf, également directeur général du Commerce extérieur, avait récemment relevé que «pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie en importe pour 20 dollars». Suffisant pour une levée de boucliers générale à Alger où l'on reproche particulièrement aux PME de l'Euro-zone de ne pas investir assez sur le marché algérien, et de favoriser le commerce, plus rentable. Le sentiment général à Alger est que cet accord est en passe de devenir «un obstacle» pour la poursuite des autres volets qu'il contient, notamment celui agricole et des services. Il y a également la question de la libre circulation des personnes qui reste également bloquée dans son application par Bruxelles qui a durci sa législation malgré les clauses contenues dans l'accord. Et puis, l'Algérie reproche, même si elle a depuis fait marche arrière, à l'UE de lui avoir mis des bâtons dans les roues lors des négociations d'adhésion à l'OMC. Bref, la volonté politique est là : l'Algérie va demander officiellement, le 15 juin prochain à Bruxelles, une révision de certaines clauses de l'Accord d'association avec l'UE. Une position qui inquiète certainement Bruxelles qui va dépêcher, mercredi prochain à Alger - une première - son commissaire en charge de l'élargissement et de la politique de bon voisinage, Stefan Füler. Il devra rencontrer des responsables politiques algériens et discuter autour de la prochaine réunion du 5ème conseil d'association Algérie-UE. Une réunion que Bruxelles voudrait préparer dès maintenant, sachant qu'à Alger, l'équipe du chef de l'exécutif M. Ahmed Ouyahia se prépare à renégocier «en bloc» beaucoup de clauses de cet accord. Et préparer le prochain round de septembre qui sera consacré au volet agricole. Là aussi, M. Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, a annoncé beaucoup de nouveautés, côté algérien. «Au moment des négociations, vous saurez ce que nous allons demander. Il est clair que l'amélioration de la production et de la sécurité alimentaire est intimement liée à la souveraineté nationale», a-t-il souligné jeudi à Alger en marge d'un accord entre l'OAIC et la Badr.




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