Algérie

René Gallissot. Historien



« Les historiens n?obéissent pas aux présidents de la République » Les différents intervenants au colloque sur les massacres du 8 Mai 1945 qui se tient pour sa 5e édition à Guelma ont, de par les multiples communications données, tous convenu de la nécessité de poursuivre la quête de l?identité historique fondamentale et de la recherche du moyen, le meilleur, pour étudier, prospecter et authentifier les marques qui iraient restituer à la mémoire collective, les paradigmes véritables, d?un passé trop longtemps occulté. Et c?est en ce sens que le professeur René Gallissot inscrit toute son instance infatigable et restitue aux événements en cours leur juste mesure, il répond ainsi à des questionnements et à quelques-unes de nos questions. Professeur, croyez-vous que le nouveau président français aille dans le sens d?une démarche qui permette la reconnaissance des vérités historiques ? Je ne sais pas si ce nouveau gouvernement modifiera les choses, mais les gouvernements ne reviennent pas sur l?histoire coloniale, ils sont solidaires de cette histoire et ils continuent sur cette ligne accomplie par l?Etat français à travers toute la colonisation et pas seulement en Algérie. Le traité d?amitié serait alors hypothéqué ? Vous savez, Sarkozy n?est pas favorable à un traité d?amitié et il l?assume. Je crois que le retour à une droite majoritaire en France est une nouvelle forme et une reconduction de la droite coloniale. Pensez-vous qu?il y a régression par rapport aux déclarations de février 2005 de l?ambassadeur de France, Hubert Colin de Verdière, qui reconnaissait le caractère de génocide et de crime contre l?humanité des massacres du 8 Mai 1945 ? Je ne sais pas ce que seront les prochaines déclarations sur commande, si l?on peut dire, des représentants français des Affaires étrangères, mais je crains qu?il y a moins de courage et donc moins d?avancées politiques que ce moment qui a fait que Chirac avait pris position contre l?attaque américaine de l?Irak. Puisque vous plaidez pour une séparation franche entre l?histoire et l?Etat, comment percevez-vous la recherche historique, avec notamment l?ouverture et la disponibilité d?une partie des archives de la guerre d?Algérie ? Oui, ce n?est pas tellement à cause des archives, puisque je reste très méfiant, c?est vrai, j?utilise beaucoup les archives, y compris celles de la police et celles de l?Etat, mais les archives sont très épurées et je ne sais pas si on obtient des choses sérieuses avec. Par contre, la satisfaction aujourd?hui, c?est qu?il y a quand même une nouvelle école d?historiens qui travaillent librement et qui refusent d?assumer l?histoire coloniale. Et la repentance alors ? Je crois qu?il faut sortir de ce chantage de la repentance et de la reconnaissance et faire son travail librement, les historiens n?obéissent pas aux présidents de la République.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)