Le sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) organisé, hier, à
Doha a été l'occasion des «retrouvailles» au sommet entre l'Algérie et la Libye sous le parrainage du
Qatar.
Et comme pour souligner qu'il ne s'agit pas d'un simple exercice de
courtoisie, ce sont en fait deux rencontres qui ont eu lieu entre le président
Abdelaziz Bouteflika et le président du Conseil
national de transition (CNT) libyen, M. Mustapha Abdeljalil.
Les deux rencontres se sont déroulées dans la résidence de l'émir du Qatar, Cheikh
Hamad ben Khalifa al-Thani,
dans un des rôles qu'il affectionne le plus, celui de la médiation. Aucune
information précise n'a été donnée, jusqu'à 17 heures hier, sur la teneur des
discussions. Le fait qu'il y ait eu deux rencontres sous parrainage de l'émir
du Qatar est susceptible de plusieurs lecteurs : négociation d'une annonce ou
déclaration commune ou alors existence de divergences à aplanir.
On en était, hier, aux alentours de 17 heures, aux supputations, les
informations étant chiches. Il reste que la rencontre qui valorise une fois de
plus le rôle du Qatar n'a plus rien de surprenant, Alger ayant pris acte de la
nouvelle donne en Libye. Une visite du nouveau Premier ministre libyen, Abdel Rahim Al-Kib, semblait dans l'air
mais n'a pas été traduite dans les faits. Mais il est clair qu'il existe un
climat de défiance entre le nouveau régime libyen qui se met en place et les
autorités algériennes. L'Algérie, au nom de la non-ingérence, avait refusé de
soutenir le CNT après le déclenchement de la guerre civile et l'intervention de
l'Otan. Elle a été accusée par les rebelles d'avoir apporté une aide en armes
et en mercenaires au régime de Kadhafi. Sans aucune preuve mais avec le
résultat efficace d'avoir contraint la diplomatie algérienne à une position
purement défensive de dénégation. L'autre effet de ces attaques est d'avoir
créé une animosité à l'égard de l'Algérie au sein d'une partie de l'opinion libyenne.
Il faut dire aussi qu'au sein d'une grande partie de l'opinion algérienne, la
sympathie dont a bénéficié au départ le mouvement de rébellion anti-Kadhafi
s'est muée en franche hostilité après l'intervention de l'Otan. La nouvelle de
l'imposition par la Libye
du visa aux Algériens a suscité surtout des sarcasmes. Les opinions publiques
seront probablement les plus lentes à changer de position.
LE TEMPS DE LA
REALPOLITIK
Au niveau officiel, il semble clair que le temps est à la realpolitik, les
deux pays partageant près de 1000 kilomètres de frontières ont un intérêt, au
moins, à la coopération en matière de sécurité. La rencontre de Doha pourrait
accélérer le processus de normalisation officielle. En outre, elle indique
qu'il n'existe pas au niveau officiel de tension entre l'Algérie et le Qatar
comme a pu le laisser entendre le récit d'un journal saoudien affirmant que le
ministre algérien des Affaires étrangères avait été sèchement coupé par son
homologue qatari dans une discussion houleuse sur la situation en Syrie. Le
journal en question a affirmé que le ministre qatari a déclaré à l'adresse de
Mourad Medelci : «Ne défendez pas trop la Syrie car quand votre tour
arrivera, vous aurez certainement besoin de nous ».
Une formule méprisante qui a suscité des commentaires acides et rageurs
parfois d'internautes algériens sur les réseaux sociaux. Le porte-parole a
réagi, tardivement, en qualifiant ces affirmations de «pure invention et
affabulations».
LES CONTRATS A LONG TERME MENACES
Ces questions politico-diplomatiques ont
quelque peu relégué, au second plan, un premier sommet du Forum des pays
exportateurs de gaz (FPEG) marqué par une certaine inquiétude à l'égard de la
situation économique mondiale et de la tendance à la dérégulation et à la
remise en cause des contrats gaziers à long terme. Inquiétude exprimée par
plusieurs intervenants dont le président Bouteflika
qui a évoqué les «risques qui pèsent sur les marchés gaziers et leur caractère
préjudiciable au développement stable et régulier de tous les segments de
l'industrie gazière». Il s'est également demandé si les contrats de long terme
résisteront «aux décisions politiques de dérégulation prises unilatéralement
sans aucune concertation avec les pays producteurs-exportateurs».
Des inquiétudes partagées que l'on retrouve dans une déclaration finale
dans laquelle les 12 pays membres du FPEG soulignent «le besoin de parvenir à
un prix équitable pour le gaz naturel, basé sur une indexation aux prix du
brut». Elle appelle à aller vers une parité entre les prix du gaz et du pétrole
pour mettre fin aux disparités entre les cours des deux produits énergétiques. Les
participants au sommet relèvent «l'importance des contrats gaziers à long terme
afin de parvenir à un mécanisme équilibré de partage des risques entre
producteurs et consommateurs», selon le texte.
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Posté Le : 16/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com