Rencontres culturelles de l’espace Bélux

La poésie populaire melhoun en débat Les rencontres culturelles de l’espace Bélux, initiées depuis le début du mois de ramadhan, se poursuivent à un rythme constant en présence d’un public nombreux, prouvant son adhésion par une participation effective et donnant ainsi lieu à des débats très animés qui attestent d’une soif de communication et de connaissance. Après deux soirées consacrées à la présentation de deux romans, notamment «Mejnoun» de Bouziane Benachou et «Fêlures du silence» de Dalila Hassan Daouadji, suivies d’une discussion à bâtons rompus sur la poésie animée par Mohamed Sehaba, le melhoun devait être au centre des débats lors de la rencontre de la soirée du mardi. La causerie était animée par Amine Dellaï, chercheur au Crasc, qui tout au long de son intervention se lancera dans une apologie de la langue populaire algérienne en présentant le melhoun comme une authentique littérature avec ses auteurs et sa langue. La première partie de la conférence sera axée sur un rappel sommaire des travaux de son équipe de recherche sur les cultures populaires au Crasc qui s’attelle à la sauvegarde du patrimoine, notamment par la collecte des textes, la publication d’anthologies, la reconstitution du savoir du melhoun et les biographies des poètes. L’intervenant soulignera au passage que la poésie melhoun a toujours été paradoxalement une préoccupation des élites francophones d’Oran à l’instar de Belhalfaoui ou de Azza. Elle aura conservé « la voix des générations passées «, certains poètes ont écrit des épopées qui peuvent être assimilées à de véritables chroniques qui demeurent les seuls témoignages de leur époque. La manifestation d’Alger, capitale de la culture arabe 2007, aura été une aubaine pour la publication de quatre importants ouvrages sur le melhoun. Il s’agit notamment de «Commentaires sur la qaçida de Saïd El Mendaci», L’Anthologie réalisée Edmond Nathan Nafil qui englobe l’ensembles des noubas andalouses, «Kenz el Meknoun fi chi’r el melhoun» qui constitue un ouvrage de référence pour ceux qui s’intéressent au melhoun et «Maqamat El Aoualia». La deuxième partie de la causerie sera consacrée à la lecture d’un choix de trois oeuvres du melhoun qui seront déclamées par Blaha Benziane, comédien et collaborateur de Amine Dellaï, notamment une qaçida sur Oran et ses poètes, du poète El Hadj Khaled El Mihoubi, «Dachra», un virulent pamphlet qui fustigie les travers de la société algérienne contemporaine et la célèbre qaçida du poète visionnaire Cheikh Abdelli Bouafs Zenagui. La conférence sera suivie d’un riche débat où les différentes interventions pour la vulgarisation de la poésie melhoun, la réalisation d’un dictionnaire du melhoun, une plus grande implication de l’université pour la préservation de la tradition orale et surtout la nécessaire réconciliation avec la langue populaire algérienne. G. Morad