Beyrouth a été au coeur d'une intense activité diplomatique. De passage au Caire, le roi Abdallah de l'Arabie saoudite s'est rendu à damas pour rencontrer le président libanais, Michel Souleiman, et tenir en urgence un conclave avec la participation de l'Emir qatari, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, et le Premier ministre turc, Recep Erdogan. Cette initiative vise à préserver la sécurité et la paix civile du Liban présentée en « ligne rouge». Elle se légitime par les tensions accrues, nées des fuites portant sur les nouvelles accusations du TSL (Tribunal spécial sur le Liban) dirigées contre le Hezbollah, et la nécessité de faire front pour déjouer le piège de la guerre confessionnelle. «Il y a un risque d'escalade, de violences sectaires et tous les acteurs impliqués sont conscients du risque», relève le directeur du Centre de recherche Brookings Center, Hamid Shadi, cité par l'AFP. A cet effet, sur le plan interne, la presse libanaise fait état de la multiplication des contacts entrepris par le Premier ministre Saad Hariri avec les chefs de la minorité pour tenter de décrisper l'atmosphère et de répondre aux inquiétudes des uns et des autres. Cette démarche s'inscrit dans la volonté d'apaisement recherchée par le président libanais qui s'apprête à lancer une initiative allant dans le sens d'une décrispation et du raffermissement du consensus interne privilégiant la concertation avec le plus large éventail possible d'acteurs. A la veille de l'an IV de l'agression israélienne du 6 août, caractérisée par la défaite de la Tsahal ébranlée dans son mythe d'invinciblité, le scénario du «deuxième round» n'est pas à écarter. A la base, la campagne de diabolisation du Hezbollah, qui s'impose comme une force régionale incontournable de résistance et de dissuasion, bat son plein. Outre la mise en accusation dans l'assassinat de Rafic Hariri sournoisement distillée et rendue fallacieuse par le démantèlement du «réseau d'espionnage» des Télécommunications au profit d'Israël, le spectre de la guerre est agité par Tel Aviv brandissant le bouclier anti-missile destiné à intercepter les roquettes de Hamas ou du Hezbollah. L'appel de Nasrallah «à se tenir prêt», lancé en juillet par vidéo-conférence, se fonde sur une préoccupation largement ressentie. De façon explicite, Ayoub Hmayed, membre du bloc de la libération et du développement, a appelé à l'unification des rangs afin de faire échec aux tentatives israéliennes d'infiltrer la scène libanaise. «Nous sommes actuellement confrontés à un grand défi représenté par les velléités de l'ennemi visant à déstabiliser la situation interne en nous promettant des guerres intestines, après avoir échoué dans le cadre de la confrontation militaire. Cette perception est aussi défendue par le politologue Joseph Bahout particulièrement surpris par le rôle partial du TSL et son instrumentalisation dans la gestion des crises régionales. «Tout cela tombe très bien. Aujourd'hui, nous avons un nouvel accusé, le Hezbollah avec un organisateur (Imad Moughnieh) qui est mort. Cela arrange tout le monde. Il est tout de même curieux ce tribunal, toujours en phase avec les événements politiques, contre la Syrie quand le pays est au ban de la communauté internationale, avec Damas quand l'Arabie et le Liban s'en rapprochent.» Le verdict du spécialiste de la scène libanaise est clair et incontestable. «Pour moi, cette piste du Hezbollah est aussi fantaisiste que la première qui menait à la Syrie. Rien n'est encore prouvé, ni même étayé par des éléments tangibles» Il reste que, face aux enjeux internes de préservation de l'équilibre politique né des accords de Doha et à la nouvelle menace d'agression israélienne, le front uni arabe est la riposte idoine aux tentatives de déstabilisation et d'agression de l'ennemi commun.
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Posté Le : 30/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Larbi Chaabouni.
Source : www.horizons.com