Algérie

Rencontre sur les Cultures stratégiques Naâma ou La nouvelle aube agricole



Publié le 03.06.2024 dans le Quotidien l’Expression
L’Algérie, le plus grand pays d’Afrique, s’emploie à transformer son Sahara et ses Hauts-Plateaux en une terre fertile où la vie prospère.
L'Algérie en passe de devenir une puissance agricole.
L'aube agricole se lève à Naâma! Cette wilaya des Hauts- Plateaux a été le théâtre, le week-end dernier, d'une rencontre nationale décisive sur les perspectives d'investissement dans les cultures stratégiques et la valorisation des races locales de bestiaux. Cet événement a marqué une étape importante dans la redéfinition de la stratégie agricole nationale, en réunissant cinq ministres, dix walis, ainsi que plusieurs dizaines de P-DG et d'experts. L'Algérie, qui cherche à assurer son autosuffisance alimentaire, met désormais l'accent sur les cultures stratégiques et les investissements intégrés. En effet, le pays aspire à produire localement les denrées qu'il importe encore, en vue d'assurer sa souveraineté alimentaire. Pour cela, 1,5 million d'hectares ont été alloués dans le sud du pays pour abriter des projets intégrés. «On s'emploie à mettre à disposition les assiettes foncières nécessaires à la réalisation des projets d'investissement intégrés dans les wilayas du Sud», a déclaré Youcef Cherfa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Il a précisé que 450 000 hectares ont déjà été transférés à l'Office de développement de l'agriculture industrielle en terres sahariennes (Odas), réparties sur 54 périmètres, dont 46 ont été cédés à des opérateurs. Le foncier agricole est considéré comme le «nerf» de la guerre pour la sécurité alimentaire, une initiative fortement soutenue par le président Abdelmadjid Tebboune. L'Algérie, le plus grand pays d'Afrique, s'emploie à transformer son Sahara et ses Hauts-Plateaux en une terre fertile où la vie prospère. Ce plan ambitieux vise à valoriser les terres du Sud et des Hauts- Plateaux, pour en faire une sorte de Californie locale, un rêve de plus en plus réalisable.
Des investisseurs locaux et étrangers ont déjà commencé à concrétiser ce rêve. Des millions d'hectares de blé jaillissent du sable, des tournesols prospèrent et des bidons d'huile de table entièrement fabriqués en Algérie sortent des usines. Mieux encore, l'Algérie s'apprête à devenir le premier pays africain à produire de la poudre de lait. Un partenariat avec une entreprise qatarie a donné naissance au plus grand projet agricole et industriel intégré de production de lait en poudre au monde. S'étendant sur 117 000 hectares, ce projet devrait produire près de 194 000 tonnes de lait en poudre par an. Dans sa première phase, une ferme sera aménagée pour répondre aux besoins en fourrage, accompagnée d'une ferme d'accueil pour 50 000 bovins et de lignes de production modernes. À la neuvième année, le projet devrait compter 270 000 têtes bovines, produisant environ 1,7 milliard de litres de lait par an. Ces initiatives ne sont que des exemples des projets en cours de réalisation, conformément à la feuille de route tracée par le président Tebboune. D'autres projets similaires, voire de plus petite envergure, devraient également voir le jour, renforçant ainsi l'ambition de l'Algérie de devenir une puissance agricole autosuffisante et innovante. La wilaya de Naâma est appelée à contribuer à cette grande bataille. Elle a déjà dégagé 80 000 hectares pour accueillir des projets du même types, dont 15 000 sont dédiés à ces cultures stratégiques. D'ailleurs, en marge de la rencontre nationale, un contrat de concession a été remis à un investisseur privé pour un projet de transformation du papier sur 30 hectares dans la zone industrielle de Harchaia, marquant une avancée notable dans la diversification des investissements.
Le ministre de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a souligné les études en cours pour la création d'unités de transformation et de projets d'investissement intégrés dans les régions du Sud et des Hauts- Plateaux. Ces initiatives comprennent le soutien à la filature de la laine, l'investissement dans le tannage, la création d'unités de production laitière, la fabrication d'engins agricoles, et le développement de méthodes d'irrigation. Pour accélérer ces développements, une convention-cadre a été signée entre le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et le Conseil du renouveau économique algérien (Crea), visant à promouvoir et relancer l'agriculture algérienne par des projets d'investissement à caractère stratégique. La ministre de l'Environnement et des Énergies renouvelables, Faïza Dahleb, a annoncé le lancement d'un programme pour installer des stations d'énergie solaire pour les agriculteurs et investisseurs dans les cultures stratégiques, facilitant l'irrigation de 3 000 hectares de terres éloignées du réseau électrique.

Walid AÏT SAÏD