Rencontre ministère-boulangers: Le prix du pain, un gros dilemme

Dans d'autres circonstances, le gouvernement aurait donné, sans tergiverser, son quitus pour une hausse du prix de la baguette de pain à hauteur de 15 dinars. C'est ce qui ressort des discussions qui ont eu lieu lors de la rencontre ministère du Commerce-représentants des boulangers, tenue dans l'après-midi du dimanche 9 décembre.« C'est une rencontre très positive », nous a déclaré le directeur de cabinet et secrétaire national de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Issam Badissi. Joint, hier, au téléphone, M. Badissi a affirmé que toutes les demandes soumises dans le cadre de cette rencontre, autour du prix de la baguette de pain, ont été acceptées par les autorités compétentes, y compris le Premier ministre, qui a été destinataire d'un rapport détaillé sur les revendications soumises par les boulangers, et qui a donné son accord pour l'amélioration de la marge bénéficiaire des boulangers.
« Nous allons mettre un planning ou un programme pour exécuter tous les mécanismes qui permettraient de relever cette marge bénéficiaire », a indiqué notre interlocuteur, qui a souligné que la reconnaissance de la légitimité et du bien-fondé des revendications des boulangers a été unanime. « On a enregistré de bonnes dispositions des autorités pour résoudre ce problème de la meilleure manière qui soit, et on devrait encore se réunir lundi prochain pour tout mettre en ?uvre dans ce sens », a précisé M. Badissi. Ajoutant sur ce registre qu'il a été décidé de rééquilibrer les caisses des boulangers à la suite de la hausse des prix de tous les intrants de la filière pain, tels que la levure, les améliorants, la main-d'?uvre, l'électricité et le gaz, afin d'assurer une marge bénéficiaire acceptable aux boulangers et sans compromettre le pouvoir d'achat du citoyen.
M. Badissi a relevé dans ce contexte que la hausse du prix de la baguette de pain à 15 dinars reste une demande pressante des boulangers, qui a été également soumise aux autorités qui doivent trancher dans ce sens entre un soutien aux prix des matières premières entrant dans la fabrication du pain, ainsi que la baisse des charges fiscales, ou autoriser un prix à 15 dinars de la baguette de pain. Ce qui réglerait radicalement cette crise, estime notre interlocuteur, non sans rappeler le grand gaspillage du pain, avec quelque 8 millions de baguettes jetées dans les ordures annuellement, et un prix plus élevé inciterait à rationaliser la consommation, en sus de répondre aux revendications des boulangers, qui doivent pour leur part soigner la qualité du pain. Mais, la situation actuelle, caractérisée par des tentatives de déstabilisation sociale de la part de plusieurs parties, aux aguets et n'attendant que la première occasion pour jeter l'huile sur le feu, oblige à la retenue.
C'est un dossier qui traîne depuis deux décennies, et on arrive aujourd'hui au pied du mur, qui oblige l'actuel gouvernement à prendre des décisions concrètes, sans toucher au pouvoir d'achat du citoyen. Un exercice difficile, surtout quand il s'agit du pain. Dans ces conditions, insiste M. Badissi, nous appelons toutes les parties à privilégier le langage de la raison et de la sagesse, car des solutions existent, et les bonnes dispositions des plus hautes autorités du pays s'y prêtent, pour régler ce problème et satisfaire toutes les revendications des boulangers. Pour rappel, des boulangers ont décidé au début de l'année d'une hausse unilatérale du prix de la baguette de pain (15 dinars), laquelle décision a été sévèrement sanctionnée.