Algérie

Rencontre des vétérinaires privés à Guelma : «La campagne de vaccination contre la brucellose est un échec»



Pour les praticiens, la situation est très préoccupante, surtout que cette maladie est devenue très fréquente au sein de la population.En première ligne face aux zoonoses (maladies et infections dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l'être humain et vice-versa) les médecins vétérinaires du secteur privé sont dans l'obligation d'affirmer leurs compétences en appliquant scrupuleusement les campagnes de vaccination et par la même procéder à la déclaration systématique desdites maladies. Mais à entendre les praticiens de ce secteur névralgique, lors d'un conclave national, organisé samedi dernier à Hammam Ouled Ali dans la wilaya de Guelma, la situation qui prévaut mérite que l'on tire la sonnette d'alarme. «La campagne de vaccination contre la brucellose est un échec. L'apparition de cette maladie chez l'homme en est la preuve depuis plusieurs mois déjà», annoncent les praticiens.
Ainsi, si la brucellose chez l'animal (bovin) qui se traduit par un important taux d'avortements d'où un impact économique, elle est parmi les maladies les plus invalidantes chez l'homme, affecté suite à la consommation de lait cru contaminé. Cette pathologie se manifeste par une fièvre et des complications chroniques articulaires ou neurologiques. Présent à cette rencontre, le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture enfonce le clou. «La brucellose est pour le moment notre priorité absolue. Elle est même plus importante que la rage. Le fait que cette maladie apparait chez l'homme suscite des inquiétudes. Je peux vous dire, aujourd'hui, qu'il y a eu un laisser-aller à tous les niveaux. Avec l'abandon progressif de la vaccination du cheptel, voilà où nous en sommes», a-t-il déclaré.
Venant conforter cette réalité du terrain, un vétérinaire de la wilaya de Tébessa a démontré lors de son intervention que le programme de vaccination-abattage a prouvé son efficacité. La résurgence de cette maladie tant chez l'animal et surtout chez l'homme avec plus de 1000 cas positifs dans cette wilaya, n'est pas étrangère à des dysfonctionnements dans la campagne de vaccination et de la déclaration obligatoire de la maladie.
Des cas dépistés positifs en hausse
Dans un autre contexte, l'indemnisation par l'Etat, passée de 30 à 50% de la valeur bouchère de l'animal contaminé, n'a visiblement pas incité les éleveurs à signaler les avortements aux vétérinaires. «Le lait de la vache est de facto contaminé. Avec nos us culinaires, le lait, le petit lait et le lait caillé vendus chez le crémier et même en bordure de route sont consommés crus et la boucle est bouclée», expliquent des intervenants. Ainsi, le taux de bovins dépistés positifs à l'échelle nationale est passé de 3% en 1999 à plus de 13% en 2018, annoncent des participants.
Dans ce volet, un pavé dans la mare a été lancé par la directrice de l'Institut national de la médecine vétérinaire (INMV). «Nous n'avons pas assez de réactifs pour procéder aux analyses d'usage. En plus, nous le faisons gratuitement à la demande des services vétérinaires», a-t-elle déclaré. Et de préciser : «les échantillons qui nous parviennent sont aussi inexploitables dans la majorité des cas».
Quoi qu'il en soit, depuis la promulgation de l'arrêté du 13 juin 2005 rendant obligatoire la vaccination du cheptel contre la brucellose, les avis des vétérinaires convergent vers l'échec du programme initié. «Le vaccin en lui-même est hautement pathogène pour celui qui le manipule. Il aurait fallu dès le départ multiplier les séances d'éducation sanitaire chez les vétérinaires», ont soutenu certains. Notons que huit vétérinaires ont été contaminés à Guelma depuis 2014. Et près de 76 cas ont été recensés chez des habitants suite à la consommation de lait contaminé.


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