Une conférence animée par l’écrivain Rachid Boudjedra, qui a présenté devant des invités de marque le dernier livre de Lucette Hadj Ali, s’est déroulée samedi en présence de l’auteure qui s’est expliquée devant une salle comble sur les conditions plus historiques que personnelles qui l’ont amenée à publier ce livre aux éditions « Tell ».
Rachid Boudjedra, qui entamera le premier la séance de présentation de l’ouvrage, évoquera d’abord sa première impression après-lecture. « J’ai trouvé que c’était un livre qui ressemblait à Lucette aussi bien sur le plan physique que technique. Il est comme elle est: mince, fine, discrète et modeste», a-t-il dit en guise de préambule.
D’après l’écrivain, ce livre dont le contenu est la narration d’un itinéraire de plus de 75 ans est intéressant à plus d’un titre, dans la mesure où son auteure donne dans le détail des petites choses d’une époque lointaine que les Algériens et certains militants n’ont pas connue.
Le livre, qui fourmille d’anecdotes, est une sorte d’autocritique et de bilan du Parti communiste où Lucette Hadj Ali dévoile sa personnalité à travers une enfance à Oran. La militante communiste qu’elle allait être plus tard était loin de se douter quand elle était une toute jeune fille qu’elle allait le devenir un jour. «Elle était loin du champ politique jusqu’à ses vingt ans, elle regardait les choses sous l’influence d’un père qui était proche des chrétiens de gauche. Elle gravite alors dans une sphère sociale et politique avec en arrière-plan la libération du pays», dira Rachid Boudjedra qui explique comment l’auteure raconte dans ce livre le vécu des deux communautés à Oran où les Français étaient majoritaires par rapport aux musulmans algériens. L’auteure, qui ne rencontre dans le lycée qu’une seule élève musulmane, finit par trouver la situation injuste à l’égard de la communauté autochtone, d’autant que son père, ancien instituteur, devient, après avoir suivi un cursus universitaire, médecin dans une clinique qu’il ouvre au centre d’Oran et où il soigne les petites gens, et commence pour la jeune Lucette sa vie de militante qui prend conscience à l’intérieur de la société pied-noir de l’inégalité des sexes. «Quand on commence à refuser un certainnombre d’injustices, quelles qu’elles soient, on finit par déborder sur l’injustice fondamentale, celle de la justice politique, c’est-à-dire le problème des riches et des pauvres et donc pour moi la lutte des classes», affirme l’écrivain Boudjedra.
A cette période, Lucette Hadj Ali se marie avec un communiste français et a deux garçons. Elle poursuit à l’Université d’Alger des études supérieures en histoire-géo malgré une santé fragile. Sa première tâche de militante, elle l’a commencée avec une collaboration à l’UFA (l’Union des femmes algériennes) dans un mensuel où elle publie des articles. Elle y fait la connaissance de deux femmes qui la marqueront, avec lesquelles elle combattra jusqu’à la lutte de Libération nationale comme clandestine et finira condamnée dans une prison d’où elle ainsi que sa camarade seront expulsées vers la France.
La fin du livre est consacrée à un hommage à tous les camarades qui ont été guillotinés, assassinés ou morts au maquis et dont faisait partie un bon nombre de pieds-noirs, puisque les responsables du PCA, après une hésitation de six mois, avaient fini par intégrer la lutte armée. Le livre se termine sur l’indépendance et sur la mort de son père en 1965 dont elle se sentait proche. Lorsque Lucette Hadj Ali a pris la parole à son tour, c’était pour exprimer sa gratitude à l’égard des amis et camarades qui lui ont apporté leur aide sous différentes formes pour l’élaboration de ce livre. « Je l’ai souligné dans la postface, ce livre n’est pas un récit biographique, c’est simplement un témoignage qui va de 1945 à 1962», tiendra à affirmer l’auteure, avant d’ajouter: « Je n’y ai pas approfondi la situation politique de l’Algérie, ni les événements qui l’ont encadrée. J’en parle brièvement pour situer ce que je dis.
Certaines de mes appréciations peuvent être contestables mais elles sont simplement le reflet de ce que j’éprouvais à l’époque à tort ou à raison. »
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Posté Le : 13/06/2011
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : Lynda Graba
Source : www.elmoudjahid.com