Rencontre avec un vieil homme Fôret du petit perdreau du coté de Sidi Abdellah El Baal vers El Ourit

Il nous croisa sur les chemins escarpés de forêt, un Salam Alikoum ... puis un conseil, prenez un gourdin, c'est très utile en milieu sauvage, vous pouvez rencontrer des chiens enragés ou un homme enragé dit-il. Avec un sourire il poursuivi, connaissez vous qui est l'homme enragée (Mekloub...) eh bien ce n'est pas celui qui a la rage, mais celui qui vous agresse sans motif aucun. Enchaînant sur d'autres anecdotes, il termina par une légende de la région : "Un homme du village croisa un lion" du temps où il y en avait dans les montagnes de Tlemcen. Un lion de l'époque avait la force de 40 hommes et un tigre le courage de 40. Bref continua t-il, cet homme étant face au lion, lui dit à voie haute, n'as tu pas honte de manger un habitant du village voisin? et que la nouvelle se répande partout? Le lion, n'hésitant pas une seconde lui sauta dessus ouvrant grand sa gueule. L'homme plia son coude et l'introduisit dans la gueule du lion lui bloquant ainsi la machoire, de l'autre main il l'etrangla jusqu'a ce qu'il tombe raide mort. Il le prit alors sur ses épaules et l'exhiba avec fierté au village où il devint un héros ... D'accord avec Gorki pour chercher mes universités sur les routes, mais, quand d'aventure on y rencontre un savant véritable, on aurait bien tort de n'en pas profiter. Surtout de celui-là, qui prend toujours la peine de répondre aux questions, d'informer, qui s'anime au point d'avancer sur l'interlocuteur comme s'il voulait le dévorer, et qui a, pour le passé qu'il récupère, cette affection véhémente sans laquelle les historiens sont des greffiers, et la connaissance, impossible. L'Usage du Monde (1963), Nicolas Bouvier.