Algérie

Rencontre avec le réalisateur Abderrahmane Sissako : «Le succès de ce film est lié au sujet traité»



Rencontre avec le réalisateur Abderrahmane Sissako : «Le succès de ce film est lié au sujet traité»
Le centre culturel français (CCF) d’Alger, a organisé, dernièrement un cycle de cinéma consacré au film «Bamako» du réalisateur Abderrahmane Sissako. Les acteurs de ce long métrage ont réussi avec brio, non seulement à faire aimer ce génie du 7e art mais aussi à faire réveiller chez chacun des spectateurs, le citoyen africain qui sommeille dans leur fort intérieur. Tour à tour et sans un instant d’interruption, le spectateur est fasciné par les images d’un film évoquant les talents du cinéaste malien, Abderrahmane Sissako. Il a su dénoncer les orientations imposées par les institutions financières internationales aux pays du Sud, contribuant à les rendre toujours plus fragiles. Certains aspects étant abordés de façon succincte. Le spectateur algérien admire la vision critique du monde.  «Bamako», écrit une situation fatale à laquelle il serait théoriquement possible de remédier, selon vous. Mais vous ne fournissez aucune solution. On pourrait vous reprocher la facilité…On peut, bien évidemment tout reprocher à une œuvre. Dans mon cas, l’objectif de ce long métrage n’est pas de fournir des solutions ou de changer des situations. J’expose des situations qui donnent à discuter, d’inventer un procès improbable. Mon objectif est de susciter des débats autour de la question du développement. Pour moi, il est nécessaire que le cinéma s’approprie un thème aussi important, qui est le développement. A travers ce film, j’ai voulu également montrer un continent au-delà des clichés.   Dans votre œuvre, vous parlez des rapports des pays défavorisés avec l’économie mondialisée. Etes-vous déterministe Je ne suis pas déterministe car je crois beaucoup en l’Afrique. Il faut croire en soi. On appartient à une nation marquée par l’histoire. J’estime que le destin de ce Continent reste entre ses mains même si le film est critique sur l’Occident. Il convient de parfaire sa personnalité ; son caractère, ses compétences, ses aptitudes pour mieux s’insérer et s’adapter au monde et pouvoir le changer. Pensez-vous que ceux qui souffrent le plus sont aussi ceux qui perpétuent la mondialisation ' Ce n’est pas mon avis. Pour moi, ceux qui souffrent sont, en général victimes. Il faut aussi, s’arracher de cette situation pour apporter au quotidien sa part dans la construction  et l’évolution d’un pays. En tant que réalisateur, comment supportez-vous les vicissitudes de la globalisation ' La globalisation a pris un tournant majeur. C’est un fait. La vraie question est de trouver comment se positionner à travers ce système. Il faut parvenir à réaliser quelque chose de positif. Vous avez réussi à démontrer que l’Afrique est en danger, crûment sans fioritures et avec humour. C’est quoi le secret de ce succès 'J’estime que le fait d’intenter à un procès à la Banque mondiale du FMI, est, selon mon avis, osé. Un discours frontal. Des mots concis et transcendants. Cela a surpris plus d’un. Je pense que le succès de ce film est lié au sujet traité. Il est original et authentique. Il n’a pas été porté, auparavant au cinéma.  On dit que vous êtes un réalisateur engagé. Partagez-vous cela ' Et pourquoi ' Je suis, en effet un réalisateur engagé. Cependant, je parle d’un engagement qui ne nuit pas à autrui mais j’évoque un engagement qui sert et apporte quelque chose à la société.  Des projets en vue ' J’ambitionne de réaliser un long métrage intitulé «Mettou». C’est l’histoire d’une jeune fille qui a été mariée à 14 ans et veuve à 17 ans. Elle part à la recherche de son amour d’enfance vu, qu’elle a été mariée de force. Il paraîtra en 2012. Ce film est produit par ARTE.


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