RENCONTRE AVEC LE PHILOSOPHE ALAIN DE BENOIST à BOUZEGUÈNE «Je crois plus en la fin d'un monde qu'à la fin du monde».

Dans un vaste panorama qui a mené l'assistance, venue nombreuse à la rencontre du philosophe français Alain de Benoist, vers différentes directions économiques, politiques, la localité de Bouzeguène a vécu d'intenses moments marqués par des échanges et des débats sur différentes thématiques relevant des domaines de la philosophie, de la métapolitique et de l'histoire mais aussi et surtout du monde des idées que l'hète des Bouzeguénois a généreusement délivrées dans un registre de communication inhabituel de sobriété et de simplicité.
Cette séance, qui entre dans le cadre du cycle «Territoires et périphérie», concept proposé par le réalisateur algérien Tahar Kessi qui traite de débats philosophiques, de présentation d'œuvres choisies et de projection de films qui s'étendent sur l'ensemble du territoire national, sont des rendezvous intellectuels qui se veulent des tentatives de réfléchir ensemble en questionnant des propositions de la pensée sous différentes formes de manifestations. Et trois heures durant, les nombreux présents ont réfléchi avec le philosophe Alain de Benoist, sur les profondes mutations que connaît le monde actuel. Alain de Benoist, qui est également écrivain, journaliste, essayiste, conférencier et auteur de nombreux travaux portant notamment sur l'archéologie, les traditions populaires, l'histoire des religions et les sciences de la vie, a publié plus de cinquante ouvrages et trois mille articles traduits dans quinze langues. La rencontre, sa première en Algérie, s'imbrique dans le cadre du travail d'analyse et de réflexion qu'il poursuit inlassablement et méthodiquement dans ces domaines depuis trente ans. C'est dans cette optique qu'il dit être venu échanger, essayer de comprendre et faire comprendre les choses qui ont un rapport avec l'actualité et d'aborder la mondialisation sous l'angle de l'information et de la technologie qui s'est faite, selon le conférencier, de manière rapide avec l'abolition du temps et de l'espace et de la propagation de l'information à temps zéro. Et, au plan géopolitique, de s'interroger sur les enjeux de cette période de transition caractérisée par un mouvement mondialisateur et uniformisateur où il y a toujours un ordre dominateur, si l'on s'oriente vers un monde unipolaire ou multipolaire avec l'américanisation de la planète, ou pluri-univers constitué de grands espaces de cultures et de civilisations, trouvant que c'est une bonne chose si l'on s'orientait vers cette dernière option qui n'a pas encore trouvé ses marques. Une époque de grande incertitude marquée par une Europe en crise, «une Europe faite en dépit du bon sens», conçue sans associer les peuples européens avec des pays dépossédés de leur souveraineté. Une Union européenne dont le conférencier n'exclut pas l'éclatement, confrontée qu'elle est à la crise de l'endettement public après l'endettement privé qui fait par exemple que la France doit s'acquitter de 50 milliards d'euros par an pour payer non pas la dette, mais les intérêts de la dette. Une crise qui a donné naissance au système binaire droite-gauche où il n'y a plus de différence entre ces partis qui se ressemblent de plus en plus singulièrement avec la montée en puissance de mouvements populistes qui raflent les suffrages avec, au plan social, l'agrandissement du fossé entre les élites et les peuples. En conclusion, le conférencier, qui croit plus en la fin d'un monde qu'à la fin du monde, eu égard aux bouleversements de tous ordres qui agitent la planète dans un monde où tout le monde fait la guerre à tout le monde, où l'homme agresse son espace vital, une forme de vie locale qui refuse que l'uniformisation serait une bonne chose devant le questionnement de savoir si, dans le monde où nous vivons, l'humanité va ou non conserver ce qui fait l'essentiel de sa diversité. Le rêve des Américains étant de voir tout le monde vivre comme les Américains.